Tadej Pogacar, la menace grandit à vue d’oeil

En pleine réflexion sur l’avenir
des sprinteurs, Tim Merlier s’inquiète de cette montagne
artificielle qui est en construction aux Emirats, en vue des
Mondiaux 2028.
Tim Merlier est peut-être le meilleur sprinteur du monde. C’est
le type de coureurs qui, dans un autre temps, se délecterait de
futures victoires sur le Tour de France. Mais le Belge, lucide,
sent bien que les organisateurs ont d’autres projets.
« Il y a six étapes pour les sprinteurs sur le papier.
Mais j’attends de voir s’il y en aura vraiment autant, confie
Merlier à Domestique. Comme cette année, une édition très
difficile nous attend. »
Le coureur de la Quick-Step a bien compris que le Tour de France
voulait limiter le nombre d’étapes de plaine, jugées ennuyeuses
pour les téléspectateurs. Résultat, on demande de plus en plus aux
sprinteurs de devoir passer certaines bosses placées par les
organisateurs pour durcir la course.
Merlier déplore cette évolution, et craint que les coureurs
deviennent tous polyvalents, avec le même morphotype. « En
boxe, les poids légers n’affrontent jamais les poids lourds. En
cyclisme, sur un Grand Tour, c’est différent. Cela rend ce sport
magnifique, mais aussi, d’une certaine manière, illogique.
Sommes-nous vraiment en train de nous diriger vers des parcours où
seuls les coureurs de moins de soixante-dix kilos ont un avenir, et
où les purs sprinteurs disparaissent ? Ce serait
dommage. »
Encore des Mondiaux pour Pogacar ?
Même chose pour les Mondiaux, où les parcours sont de plus en
plus exigeants. Les sprinteurs, depuis quelques années, sont
rarement à la fête. « Chaque génération de sprinteurs
devrait avoir au moins une véritable chance de remporter un titre
mondial. Je crains que cette chance ne se présente jamais pour
moi. »
En 2026 à Montréal et en 2027 dans les Alpes françaises, le
favori sera certainement Tadej Pogacar. En 2028, à Abu Dhabi, la
topographie locale semble plus propice aux sprinteurs. Mais au pays
de l’équipe UAE, celle de Pogacar, on construit depuis quelques
années une montagne artificielle. « Ils travaillent
dessus », confirme Merlier, qui voit ce potentiel
obstacle grandir chaque année sur l’UAE Tour. Il n’y en aurait donc
que pour Tadej…


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