Segonds et le drop de la victoire

Après deux réceptions, le stade Jean-Dauger reste une forteresse
imprenable. Il s’en est fallu d’un rien dimanche soir que Bayonne,
qui surfe désormais sur une série de seize victoires de rang à
domicile (les matchs disputés au stade Anoeta de Saint-Sébastien
compris), ne chute face à Toulon.
Joris Segonds, auteur de 25 points (tous inscrits au pied)
lors de cette soirée qui s’est terminée en apothéose pour l’Aviron,
en a décidé autrement.

Alors que Toulon venait de revenir à hauteur de ces Bayonnais
qui avaient pourtant mené 14-0 puis 20-3 en début de match,
l’ouvreur bayonnais, parfaitement servi par son demi de mêlée
sud-africain Herschel Jantjies, a passé à l’ultime seconde un drop
ô combien précieux qui a permis à son équipe d’arracher la victoire
(35-22) juste après la sirène, délivrant ainsi un stade Jean-Dauger
qui n’attendait que cela pour basculer dans la liesse et fêter
comme il se doit cette troisième victoire de la saison. Le héros de
la soirée a mis longtemps à quitter l’enceinte. Longuement félicité
par ses partenaires comme par les supporters, il est ensuite venu
raconter devant la presse cette action de la gagne, que le demi de
mêlée adverse Baptiste Serin avait pourtant vu venir.

« Je pense que Baptiste Serin avait vu, avant moi, que
j’allais taper un drop. Il était en permanence dans l’axe, je le
voyais, il faisait que me pister et essayait de monter. Herschel
s’est bien adapté et il sort le ballon au moment où je le demande.
C’était la meilleure occasion pour le taper, c’est passé donc tant
mieux », a expliqué l’ancien joueur du Stade Français,
rappelant avec beaucoup de modestie qu’il n’avait pas toujours
connu la même réussite.

Quand Segonds dédie son
drop à Lopez…

« J’ai eu de la chance, car aujourd’hui, il passe et tant
mieux, ce n’est que du bonus, mais des fois, il est passé à côté,
l’an dernier, j’ai eu un passage à vide (…) Dès que je le tape, je
le vois partir et je vois qu’il y est. Dans ma tête, c’est
l’explosion de joie. » Avec une pensée pour Camille Lopez, lui
aussi grand spécialiste du drop – et plus généralement des coups de
pieds de dernière minute – et avec qui il travaille énormément dans
le domaine à l’entraînement. Ce coup de pied victorieux, Segonds le
dédie d’ailleurs à son aîné.

« Camille m’aide énormément, on a joué ensemble l’an
dernier, il m’apportait déjà beaucoup. Je me rappelle avoir joué
ici sur un match où Camille (Lopez) avait mis la pénalité de la
gagne, lorsque j’étais encore à Paris. Le stade s’était levé. Ce
sont des moments, quand tu joues ici, que tu as envie de voir. À la
fin du drop, ça fait un pincement au cœur, ça fait plaisir. »
Un plaisir que Segonds et Bayonne, 5emes du classement, aimeraient
revivre lors de leur prochain match à domicile. Ce sera lors de la
prochaine journée contre Toulouse, triple champion de France en
titre. De quoi vibrer de nouveau pour le toujours invaincu
Jean-Dauger.