Préservons Jérusalem des contre-récits idéologiques !

À Jérusalem, tout parle. Les pierres, les silences, les colonnes renversées et les récits fragmentaires. Pourtant, dans le vacarme idéologique qui entoure la ville, une tendance se dessine : celle de réduire son histoire à un affrontement politique contemporain. Certains courants « décoloniaux », en particulier, interprètent le traitement du patrimoine à Jérusalem comme une stratégie univoque d’effacement culturel menée par l’État d’Israël depuis 1948. Cette lecture semble aujourd’hui trop étroite pour saisir la profondeur humaine, historique et archéologique de la ville, stratifiée par des siècles de constructions, de destructions, de réappropriations.
Car Jérusalem n’est pas un espace vide que l’on commente, mais un corps vivant, une ville palimpseste où chaque génération a superposé sa trace sur les précédentes. Dès l’âge du bronze moyen (IIe millénaire avant J.-C.), des traces d’occupation humaine sont attestées dans ce qui est aujourd’hui la Cité de David, au sud du mont Moriah. Ces couches anciennes, enfouies sous le quartier arabe appelé Silwan, sont la matrice sur laquelle se sont greffés les récits juifs, romains, chrétiens, islamiques, ottomans et modernes.
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