On n’a jamais joué une équipe aussi forte

Après avoir dévoilé sa
composition de départ pour le match contre l’Afrique du Sud samedi,
le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié s’est montré
dithyrambique aux sujet des Springboks, tout en regrettant de ne
pas pouvoir bénéficier de la même préparation
qu’eux.
Fabien Galthié, quel est votre regard
sur l’équipe d’Afrique du Sud ?
Pour moi, c’est la
meilleure équipe au monde, peut-être la meilleure équipe au monde
qui n’ai jamais existé. Ils sont sur une phase de développement
croissante, ils sont en capacité de sortir encore des joueurs et de
développer leur réservoir de par leur organisation. Ils sont
ensemble depuis juin, ils ont joué dix matchs, ils seront pas loin
de vingt fin novembre. C’est une saison internationale à part
entière pour eux. Tout est construit avec une vision qui les amène
en 2027. C’est une équipe encore plus forte que les précédentes
équipes d’Afrique du Sud qu’on a joué. C’est le défi sportif et
rugbystique le plus difficile du moment pour cette génération. On
n’a jamais joué une équipe aussi forte.
Que reste-t-il du quart de finale de la Coupe du Monde
2023 ?
Il reste un vécu d’une richesse incroyable, un vécu qui nous amène
à progresser. Nous sommes tournés vers le futur, mais le passé le
nourrit. Ca a été une expérience formidable à traverser, sur le
fond comme sur la forme, qui fait avancer. Il reste 20 matchs Ã
jouer pour cette équipe, jusqu’à la préparation de la Coupe du
Monde.
Pourquoi avoir choisi Gaël Fickou en tant que capitaine
?
C’est un choix logique. Il fait partie de ces joueurs qui sont avec
nous depuis sept saisons. Il est en forme. Il a eu une pré-saison
et une saison qui lui permettent d’être à un niveau de forme qu’il
a rarement eu avec nous, de par l’enchaînement des matchs. Il a
réussi à trouver de l’espace pour se régénérer. On a trouvé
cohérent de le nommer capitaine.
Galthié: « Cela nous oblige
à composer une équipe très rapidement, à aller Ã
l’essentiel »
Vous prenez le risque d’aligner deux piliers
inexpérimentés au niveau international…
Cette équipe (de France) est la meilleure du moment, il ne faut
surtout pas remettre en question ces joueurs qui débutent, c’est un
peu vexatoire. Ce sont les meilleurs piliers du moment, ils ont
hâte d’être au Stade de France pour montrer ce qu’ils sont capables
de faire. On est très heureux et très fier de relever un défi
immense. Ils ont déjà deux sélections, qu’ils ont eues cet été
contre les All Blacks. Ils ont performé aussi dans leur club et
avec nous à l’entraînement. Le challenge est énorme pour ces deux
joueurs.
Pourquoi avoir choisi de titulariser Mickaël Guillard
plutôt que Grégory Alldritt ?
Le niveau de performance du moment. Mika est rentré avec nous
depuis un peu plus d’une saison. Il a été performant avec nous en 5
et en 8, il a un potentiel qu’on veut développer. On veut créer de
l’émulation à tous les postes. Anthony Jelonch peut aussi jouer en
8. Grégory est dans le groupe. Il a énormément joué avec nous et
avec son club depuis quatre ans. Il faut trouver les rotations,
pour envisager de développer cette équipe et permettre aux joueurs
de se régénérer. Mais c’est la meilleure équipe du moment, je le
répète.
Comment créer une équipe malgré le nombre de blessés
importants et un agenda bien différent des autres équipes
?
(hésitation) Je dirais que c’est notre écosystème qui nous impose
un travail autour de comment faire face à ces équipes, comme
l’Afrique du Sud, mais aussi la Nouvelle-Zélande, l’Australie,
l’Irlande, l’Angleterre… Nous, on doit travailler dans ce
contexte-là . C’est un sujet que je n’aborderai pas car tout le
monde le connait. Ce n’est pas le moment de s’attarder sur cette
problématique-là . Cela nous oblige à être bons, à apprendre Ã
composer une équipe très rapidement, à aller à l’essentiel. C’est
un challenge que nous avons accepté, en connaissance de cause.
Galthié: « On sent qu’on a
créé autour de cette équipe un soutien
inconditionnel »
Les Sud-Africains vous ont souvent mis à mal sur les
coups de pied de pression, avez-vous travaillé ce problème
?
On doit aller vite pour mettre en place une stratégie à la fois
offensive et défensive. L’Afrique du Sud, ce sont 15 chasseurs sur
le terrain, qui sont en chasse au sol et en l’air, et c’est très
bien fait. Leur stratégie est claire. Nous devons être en capacité
de ne pas être chassés, mais de devenir des chasseurs. On y
travaille et on cherche. A l’entraînement, nous avons progressé.
Mais les Sud-Africains ont eu le temps de préparer ce match et sont
en capacité de débuter un match d’une manière totalement opposée.
Ils ont la matière.
Vous avez fermé les séances d’entraînement aux médias,
faut-il s’attendre à des surprises samedi ?
Nous ne
les avons pas fermées, nous avons raccourci le temps d’observation.
Nous faisons en sorte que vous ayez de la matière à raconter à nos
supporters. Nous avons besoin de nos supporters. On sent qu’on est
soutenu. Le dernier match contre l’Ecosse a été suivi par 17
millions de téléspectateurs. On sent qu’on a créé autour de cette
équipe un soutien inconditionnel, et on veut le maintenir.


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