Des militaires dominicains déployés sur le sol haïtien
Les militaires dominicains sont présents sur le sol national avec l’accord du gouvernement. La rumeur qui circulait sur la Toile depuis 24 heures a été confirmée. Jeudi, en plein midi, un pick-up de couleur blanche, avec plusieurs militaires à bord, a été vu patrouillant tout seul à l’entrée de la commune de Carrefour. Direction, le camp des gardes-côtes, à Bizoton où le convoi humanitaire dominicain s’est installé depuis mercredi. En effet, des hommes en treillis militaire parlant espagnol, certains armés de mitrailleuse, montent la garde à la barrière principale du camp.
Un nombre inconnu de soldats font le va-et-vient. Comme si on était sur n’importe quelle base militaire à Santo Domingo ou à Santiago de los Caballeros. Oui, a répondu l’ingénieur dominicain Ramón Pepin, à la question êtes-vous accompagné de militaires. Le chef de délégation, qui a répondu aux questions du Nouvelliste, affirme que « nous avons un personnel de sécurité avec nous. Une décision qui a été prise conjointement avec les autorités haïtiennes ». Sauf que, pour le ministre des Affaires étrangères, ce sont les policiers haïtiens qui assurent la sécurité des Dominicains.
À la conférence de presse quotidienne du gouvernement, Pierrot Délienne semblait pourtant dire la vérité. « J’ai été étonné d’entendre que 1200 hommes de troupe dominicaine seraient sur le territoire de la République. Et bien, ce n’est pas le cas et ce ne sera pas le cas », tempête le ministre, répondant aux questions des journalistes à la Primature. « Ce n’est pas du tout le cas. La procédure, c’est qu’ils arrivent à la frontière, la PNH les prend en charge et assure l’accompagnement de tous les biens et produits qui arrivent sur le territoire de la République », a poursuivi le ministre, qui nie tout accord entre la chancellerie et le déploiement des troupes dominicaines.
Comme en 2010, les voisins dominicains apportent leur soutien à Haïti, sévèrement affectée par l’ouragan Matthew. Cette fois, il s’agit d’une vraie démonstration de force. C’est une flotte de 500 voitures qui est arrivée à la frontière mercredi. Si seulement des civils avaient fait le déplacement en 2010, le pays voisin avec lequel on a eu des rapports plutôt houleux ces dernières années a profité de l’occasion pour nous imposer une présence militaire avec l’accord de l’État haïtien. Des collaborateurs du Nouvelliste confirment avoir remarqué des patrouilles, mercredi soir, dans d’autres points de la capitale.
Pour le chef de la délégation dominicaine, Ramón Pepin, il s’agit d’une mission purement humanitaire visant à donner la main aux frères et sœurs haïtiens dans ces moments difficiles. « Nos mains et nos cœurs seront toujours avec le peuple haïtien », a déclaré le chef de cabinet du ministère dominicain des Travaux publics et de la Communication. La délégation composée de près de 300 personnes est constituée d’ingénieurs, de médecins, de techniciens, d’opérateurs de machine, d’infirmières et d’ouvriers spécialisés.
En Haïti initialement pour une mission de 60 jours, la délégation restera le temps qu’il faudra pour aider les Haïtiens. « Nous allons rester tout le temps qu’il faut pour la bonne réalisation des travaux », a indiqué l’ingénieur Pepin, qui a su transmettre l’expression de solidarité du peuple dominicain envers Haïti en ces temps difficiles. La délégation entend aider en premier lieu dans la reconstruction des axes routiers endommagés par le passage de l’ouragan. En accord avec les responsables du ministère haïtien des Travaux publics, ils ont décidé d’intervenir sur le tronçon Cayes-Tiburon. Tout se fera sous la direction du MPTC, représenté par un ingénieur. La délégation entend également livrer des plats chauds aux personnes vivant dans les régions frappées par la catastrophe. L’équipe médicale est également disposée à intervenir auprès des personnes malades. Des campagnes de fumigation figurent aussi dans l’agenda.