« Les Inuits ne survivent pas, ils vivent »

Explorateur des terres arctiques, Nicolas Dubreuil a découvert l’Alaska à l’âge de 20 ans, et le Groenland lors d’une expédition où il a manqué de laisser la vie. Passionné par cette terre extrême, il s’y installe en 2009 pour étudier la culture fragile des peuples du Grand Nord qu’il documente dans plusieurs ouvrages, dont Mystères polaires (éditions La Martinière, 2013). Au Point, il explique comment les Inuits font face aux convoitises des grandes puissances, à commencer par les Etats-Unis.
Le Point : Qu’est-ce qui vous fascine dans la culture inuite ?
Nicolas Dubreuil : Lors de mon premier voyage en Arctique, il y a trente ans, j’ai été impressionné par l’immensité des étendues, les icebergs gigantesques, les ours polaires… Cette nature, les peuples autochtones la maîtrisent complètement. Les Inuits ne survivent pas, ils vivent. Le degré de précision de leur savoir, qui date de cinq mille ans, est incommensurable.
Et nous, Occidentaux, nous sommes complètement passés à côté. Nous voyons toujours les Inuits comme un peuple faible qu’il faudrait protéger, alors qu’ils disposent d’un savoir hallucinant. Leur pantalon en peau d’ours, par exemple, nous renvoie aux hommes préhistoriques, alors que sa conception est d’une technicité inouïe.
Pour moi, ce qui symbolise le mode de vie inuit, c’est le traîneau sur la banquise tiré par des chiens. Alors qu’en Finlande ou au Canada, il s’agit d’abord d’une activité touristique, pour les Inuits, c’est un véritable mode […] Lire la suite
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