Les étranges pratiques des Sud-Africains

Adversaire du XV de France,
samedi, pour son premier test de novembre, l’Afrique du Sud
jouit d’une sulfureuse réputation en matière de dopage. La
correction infligée aux Bleus en 1997 en est une parfaite
illustration.
Vainqueurs de leur troisième couronne mondiale en 2019, les
joueurs sud-africains avaient déclenché une véritable polémique par
la grâce d’une seule photo prise durant la préparation et postée
sur les réseaux sociaux. Les joueurs de Johan Erasmus avaient pris
la pose dans le vestiaire, à quelques jours du coup d’envoi du
Mondial, pectoraux saillants, abdominaux parfaitement dessinés et
biceps gonflés à bloc. De quoi déclencher de vives réactions,
certains y voyant inévitablement le spectre du dopage.
Et les réactions avaient été d’autant plus vives que les
champions du monde 1995 avaient perdu quelques jours plus tôt l’un
d’entre eux. Chester Williams était à son tour décédé, portant Ã
quatre le nombre des héros décédés avant l’âge de 50 ans. Le sacré
décroché à domicile par les Springboks sur le thème de la nation
réunifiée a fait couler beaucoup d’encre, entre suspicions de
dopage, empoisonnement de la moitié de l’équipe des All-Blacks
avant la finale et essai injustement refusé à Abdelatif Benazzi
dans les derniers instants de la demi-finale face aux Bleus.
Deux ans plus tard, le doute n’est guère permis. Après un
premier succès étriqué sur la pelouse du Stade Gerland (36-32),
l’Afrique du Sud inflige une véritable humiliation au XV de France
pour ses adieux au Parc des Princes (52-10). Une défaite qui allait
marquer au fer rouge les hommes de Jean-Claude Skrela.
« Les Sud-Africains jouent un autre rugby. Leurs joueurs
sont de plus en plus rapides, puissants et résistants aux
plaquages. On a l’impression qu’ils peuvent aligner dix matches de
suite de cette intensité. Il faut se préparer physiquement de
manière à prendre quatre ou cinq kilos de muscles et gagner deux ou
trois dixièmes en vitesse », fait d’ailleurs
observer Philippe Saint-André à l’issue de la rencontre.
Des ordonnances suspectes
Dans le livre Rugby à charges, l’enquête choc du journaliste
Pierre Ballester, publié en 2015, le Dr Mombet, alors responsable
de la commission de la fédération française, avait révélé que les
Springboks étaient arrivés « avec une grosse
dizaine » d’ordonnances motivées, les ancêtres des
fameuses autorisations à usage thérapeutique (AUT). Des ordonnances
qui permettaient aux joueurs concernés de justifier la prise d’un
médicament potentiellement interdit ou d’un protocole
spécifique.
Cette défaite avait également mis en lumière l’usage de la
créatine, alors considérée comme un produit miracle et qui ne
figure pas parmi les substances interdites. Les gains sont
immédiats : trois à quatre kilos de muscles dès les premières
semaines et jusqu’à huit kilos à long terme.


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