la réponse de Bruno Retailleau aux critiques du RN

Bruno Retailleau contre-attaque. Le ministre de l’Intérieur répond ce mercredi 18 juin sur Europe 1-CNews aux critiques du Rassemblement national qui cherche depuis des mois à stopper sa montée en puissance en pointant une différence entre son discours et son bilan.
“On a des résultats”, se défend-il, citant des chiffres “en matière d’immigration” sur “les naturalisations” “les régularisations” “les expulsions” et estimant que “tout joue contre (lui)”, alors que le gouvernement ne peut s’appuyer sur une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
“Je suis aux prises avec la réalité”
Le ministre, qui est également devenu président du parti Les Républicains le mois dernier, joue la carte de la crédibilité, jugeant que dans l’électorat du RN “beaucoup de Français qui ont beaucoup de bon sens voient bien les slogans c’est trop simple”.
“Les vidéos parfaites que l’on poste sur Tik Tok, ce n’est pas ça la réalité. La réalité est plus dure, la réalité est plus complexe. Moi je suis aux prises avec la réalité”, appuie-t-il, avant d’enfoncer le clou:
“Je suis dans une situation asymétrique, je peux difficilement attaquer le bilan du Rassemblement national, pour une raison simple: depuis [53] ans (et la création du Front national, NDLR), ils n’en ont aucun.”
Le Pen ne trouve “aucune excuse” Ã Retailleau
En face, le RN s’efforce de le décrédibiliser ce très droitier ministre avec lequel il a des convergences de vues sur l’immigration et la sécurité. Ainsi, Marine Le Pen s’est fendue de cette sortie dans un entretien au Journal du Dimanche publié le 7 juin dernier:
“Certains encensent M. Retailleau simplement parce qu’il est de droite – comme ils l’ont fait hier avec M. Barnier. Peu importe qu’il mène une politique laxiste: on lui trouve des excuses. Moi, je ne lui en trouve aucune.”
“On aurait pu attendre un vrai cap, des actes forts. Il n’y a que des mots. Et les mots n’arrêtent ni les voyous, ni les criminels. Si on ne les arrête pas, si on ne les expulse pas le cas échéant, si on n’arrête pas de les accueillir sur notre sol, ils ne s’arrêteront pas”, a encore taclé la triple candidate à la présidentielle, dont les chances de se présenter une quatrième fois à l’Élysée sont largement amoindries par sa condamnation en première instance à une peine d’inéligibilité avec exécution immédiate.
Sondages prometteurs pour Retailleau
Pour l’instant, les attaques du RN n’empêchent pas Bruno Retailleau de poursuivre son ascension. Dans La Tribune Dimanche, le week-end dernier, 29% des interrogés par l’institut Ipsos disent qu’ils seraient satisfaits s’il devenait président de la République en 2027. Ce qui le place en troisième position, juste derrière Marine Le Pen (33%) et le président du RN Jordan Bardella (35%).
Reste que ces résultats sont à manier avec une extrême prudence. De nombreux obstacles demeurent sur la route de la présidentielle pour l’ancien chef des sénateurs LR.
Il n’est pas le seul ambitieux au sein des responsables politiques soutenant le socle gouvernemental actuel. Édouard Philippe se dit déjà candidat et d’autres, à l’image de Gabriel Attal ou Gérald Darmanin, ne cachent pas leur appétit. De même qu’au sein de LR, Laurent Wauquiez n’a pas exclu de se présenter à la suite de sa large défaite contre Bruno Retailleau lors du congrès. Sur cet espace, deux candidatures peuvent-elles coexister?
Par ailleurs, la question du “bilan” du ministre de l’Intérieur, déjà mise à l’ordre du jour par le RN, reviendra tôt ou tard. Avec elle, une autre interrogation: combien de temps peut-il rester place Beauvau tout en gardant des distances avec le macronisme?
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