14 June 2025 08:01

la marche des fiertés interdite dans l’hypercentre, la préfecture accusée “d’invisibiliser les revendications”

Tensions autour de l’organisation de la marche des fiertés de Dijon, à la veille de l’événement. Ce vendredi 13 juin, le doute plane encore sur les modalités de la “pride 2025” en Côte-d’Or.

Plus tôt dans la semaine, la préfecture du département a indiqué dans un communiqué que le parcours initialement prévu par les organisateurs serait modifié. La marche resterait dans le centre-ville de Dijon, mais ne passerait plus dans les rues piétonnes de l’hypercentre.

Affluence dans les rues de l’hypercentre

Plusieurs raisons sont invoquées par la préfecture. Les autorités craignent que “des individus aux velléités d’actions violentes se greffent au cortège” et ainsi veulent éviter des “troubles à l’ordre public”.

La préfecture met également en avant le risque d’une marche avec un nombre trop important de personnes dans ces rues. Selon elle, les organisateurs de l’événement auraient “sous-estimé” le nombre de participants: 200 personnes quand les éditions précédentes avaient réuni 2.500 et 1.500 manifestants.

Ce changement d’itinéraire est également lié à l’organisation d’autres événements culturels dans l’hypercentre de Dijon ce même-jour et “à la forte affluence constatée au centre-ville de Dijon en cette période, le samedi après-midi, avec la présence de familles accompagnées de jeunes enfants”.

“Invisibiliser les revendications”

C’est cette dernière phrase qui a particulièrement fait réagir, notamment sur les réseaux sociaux. “La Préfecture indique la ‘présence de familles accompagnées de jeunes enfants’ dans le centre-ville comme si cela était incompatible avec la visibilité et les fiertés LGBTI+. C’est justement l’argument avancé par les autorités russes et hongroises”, écrit ainsi sur X Sébastien Tüller, activiste et juriste à Amesty.

Le syndicat co-organisateur de la marche, Solidaires 21, estime dans un communiqué que la décision de la préfecture constitue une volonté d'”invisibiliser les revendications des personnes LGBTQI en autorisant un parcours en dehors du centre-ville où il n’y a personne”.

“La décision de la préfecture est affligeante face à la montée des discours réactionnaires et LGBTQIphobes, à la multiplication des violences verbales et physiques tant en France qu’à l’étranger à l’encontre des minorités et aux politiques libérales qui accroissent la vulnérabilité de celles et ceux qui subissent déjà quotidiennement les oppressions”, s’inquiète Solidaires 21.

Contactée, la préfecture de Dijon assure que la proposition d’un parcours alternatif avait pour objectif de “pour préserver les rues du centre-ville avec beaucoup de monde” et avoir “quelque chose de plus sécurisé pour tout le monde: les manifestants et les autres”.

Un rassemblement en soutien à Gaza le même jour

En ce qui concerne de potentiels troubles à l’ordre public craints, la préfecture explique se fonder notamment sur des “dégradations” survenues lors de manifestations organisées par ce syndicat, citant notamment un événement de juin 2023.

“Il est aussi énoncé qu’il y aura le samedi 14 juin plusieurs activités en ville dont du basket 3×3 place de la République, c’est intéressant, car c’est bien un départ de la place de la République qui était proposé dans le cadre du parcours alternatif de la préfecture… Où est la cohérence?”, écrit l’organisme.

En outre, comme l’explique France 3, en raison de ce passif et de la tenue d’une manifestation “en soutien à Gaza” le même jour, “il existe une probabilité très élevée pour que des individus de l’ultra-gauche aux velléités d’actions violentes se greffent au cortège”, est-il inscrit dans l’arrêté.

“L’arrêté s’inquiète que le rassemblement hebdomadaire pour soutenir la Palestine et son peuple ainsi que la pride ‘pourraient converger’, en quoi cela est-il problématique?”, réagit Solidaires 21.

Dans un communiqué publié ce vendredi, le syndicat a annoncé, conjointement avec la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), saisir le tribunal administratif par le biais d’un référé-liberté.

“La manifestation peut avoir lieu”

Contactée, la préfecture de Dijon accuse Solidaires 21 d’avoir “refusé le dialogue” concernant un changement de tracé et d’avoir “claqué la porte” des discussions. Selon elle, de tels changements sont fréquents pour d’autres manifestations et “cela se passe bien”.

Revenant sur les accusations “d’homophobie”, la préfecture estime que “les raccourcis sont faciles”.

“Le parcours initial a été refusé mais la manifestation n’est pas interdite, elle peut avoir lieu”, explique la préfecture. Selon plusieurs collectifs, une marche alternative aura lieu, au départ de la place Darcy, à 14 heures.

Article original publié sur BFMTV.com

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