La fin des ZFE, symbole d’une sale semaine pour l’écologie à l’Assemblée

POLITIQUE – Il ne fait pas bon être écologiste cette semaine. Dans la soirée de ce mercredi 28 mai, les députés ont acté la suppression des zones à faibles émissions, qui restreignent la circulation de certains véhicules polluants dans les centres villes. L’article a été introduit dans le cadre du projet de loi de simplification par LR et le RN. Il a été adopté par 98 voix contre 51 avec les voix de l’alliance RN-UDR, de la droite, de LFI et d’une poignée de députés macronistes. Le gouvernement était opposé à la suppression.
« La pollution de l’air est à l’origine de près de 40 000 décès prématurés par an […]. Et les zones à faibles émissions ont contribué à baisser ces décès précoces », avait pourtant défendu dans l’hémicycle la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. Cette dernière s’était démenée depuis des semaines, avec force de consultations, pour tenter de sanctuariser a minima le maintien des ZFE autour de Paris et Lyon.
« Ce ne sera pas possible de le faire même pour [des villes] qui le souhaitent », a-t-elle déploré après le vote de l’Assemblée, déplorant que des députés de gauche aient voté pour. Une critique visant essentiellement les inoumis donc, les socialistes et les écolos ayant voté contre.
« Je ne vais pas vous dire aujourd’hui que je pleure »
De quoi en revanche susciter la satisfaction de l’association 40 millions d’automobilistes, qui voyait dans les ZFE « une mesure profondément discriminatoire et antisociale », et du ministre des Transports, Philippe Tabarot, issu des rangs de LR. « Je ne vais pas vous dire aujourd’hui que je pleure », a-t-il réagi sur CNews, plaidant par ailleurs pour des adaptations et des moyens différents pour lutter contre la pollution atmosphérique. Le RN saluant lui une victoire contre « l’écologie punitive ».
La déception est d’autant plus grande pour les macronistes de la première heure que la création des ZFE était une mesure issue du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Maigre espoir désormais : un retoquage du Conseil constitutionnel, qui pourrait voir dans ce texte un cavalier législatif.
Et ce n’est pas le seul camouflet infligé au ministère de la Transition écologique, décidément victime ce mercredi de divisions dans le socle commun. Un peu plus tôt dans la journée, et toujours dans le cadre des discussions sur le projet de loi de simplification, les députés ont déjà acté de nouvelles dérogations au principe de « zéro artificialisation nette » (ZAN). Ce principe a pour but de lutter contre la bétonisation des espaces naturels et agricoles. Là encore, grâce aux voix des élus LR et RN.
L’article permet de « dépasser jusqu’à 30 % » la limite de surfaces naturelles aménageables, « sans justification », et prévoit d’exclure du décompte du ZAN les constructions reconnues par décret comme « projet d’intérêt national majeur ». Ce qui revient à « vider complètement le ZAN de sa substance, et j’en suis ravi », s’est félicité l’élu RN Pierre Meurin. En décembre dernier, Agnès Pannier-Runacher s’était clairement prononcée contre de nouvelles dérogations.
Pour que les votes sur les ZFE et les ZAN soient définitif, il faudra néanmoins que la loi simplification soit adoptée dans son ensemble, soit pas avant fin juin.
La droite pèse de tout son poids
De quoi conclure une semaine où les élus de droite peuvent se féliciter d’avoir globalement gardé la main. En début de semaine, la motion de rejet déposée par le député LR Julien Dive sur la loi agricole a été adoptée, permettant son renvoi direct en commission mixte paritaire.
Avantage pour l’exécutif : s’éviter de longs débats, alors que des milliers d’amendements ont été déposés par l’opposition. Le texte sénatorial qui sera discuté prévoit notamment de réautoriser l’acétamipride, un néonicotinoïde controversé. Une mesure dénoncée par les élus écolos avec force, mais face à laquelle la ministre de la Transition écologique apparaît plus souple. Opposée de longue date à la réintroduction de cette substance, Agnès Pannier-Runacher juge néanmoins suffisamment forts les garde-fous proposés par le texte.
Insuffisant pour l’ancien ministre macroniste Clément Beaune, qui cingle sur X : « Loi Duplomb, suppression des ZFE… triste semaine de démagogie anti-écolo, qui sacrifie l’avenir au présent. Au lieu d’ajuster les règles européennes ou de renforcer l’accompagnement social d’une transition écologique qui est vitale ». Celui qui est désormais Haut-commissaire au Plan ne fait en revanche pas référence à l’A69 dont la poursuite de chantier a été autorisée également ce mercredi par la justice.
Il y a 20 ans, le référendum sur l’Europe redessinait aussi le paysage politique de la France
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