9 May 2025 04:02

La fille de François Bayrou témoigne des violences subies à Bétharram, entre « passage à tabac » et déni

NOTRE-DAME-DE-BÉTHARRAM – L’onde de choc des sévices infligés aux enfants scolarisés à Notre-Dame-de-Bétharram ne cesse de connaître des répliques. Cette fois, c’est la fille du Premier ministre en exercice François Bayrou qui prend la parole pour dénoncer les sévices qu’elle a subis dans l’établissement privé catholique. Hélène Perlant assure toutefois n’avoir jamais rien dit à son père.

Dans un entretien publié par Paris Match ce mardi 22 avril, la fille aînée du chef du gouvernement évoque une « agression gratuite » subie alors qu’elle a 14 ans et qu’elle participe à un camp d’été organisé par la congrégation à laquelle Bétharram appartient. Un abbé avec lequel elle a eu un différend l’année précédente s’en prend à elle physiquement.

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« Un soir, alors qu’on déballe nos sacs de couchage, Lartiguet me saisit tout d’un coup par les cheveux, il me traîne au sol sur plusieurs mètres et me roue de coups de poing, de coups de pied sur tout le corps, surtout dans le ventre », se remémore Hélène Perlant. « Pour parler crûment, je me suis urinée dessus et suis restée toute la nuit, comme ça, humide et prostrée dans mon duvet. » Le lendemain, « je suis pleine d’ecchymoses, j’ai des acouphènes sévères », raconte-t-elle.

Cet épisode d’une « violence extrême » qu’elle a « refoulé », la victime la raconte également dans le livre du fondateur du collectif des victimes de Bétharram Alain Esquerre, Le Silence de Bétharram, à paraître jeudi aux éditions Michel Lafon. Elle compare aujourd’hui l’établissement privé à une « secte » et à un « régime totalitaire ».

« Je suis restée 30 ans dans le silence »

Dans l’interview pour Paris Match, la plus âgée des six enfants de François Bayrou – 53 ans aujourd’hui – revient sur une agression dont elle a été témoin et qui vaut à son père une plainte pour non-dénonciation de crimes et délits. « Lors d’une étude où R. était assis à côté de moi, un gamin a été violemment frappé par un surveillant. R. a vu mon regard sidéré et il a pensé en toute bonne foi que j’allais forcément raconter la scène à mon père. Jamais ! », assure Hélène Perlant.

« L’agression à l’étude, la mienne et tant d’autres ont été vues par nous tous et pourtant personne n’a parlé. Ni les témoins ni les victimes. La vraie question est celle du déni individuel et collectif. Pas du mensonge. Vous imaginez : 80-100 gamins dans une salle, et aucun ne parle ? », témoigne-t-elle. « Ces déchaînements de violence publics sont la condition paradoxale pour que personne ne parle jamais. »

« Je suis restée trente ans dans le silence », martèle Hélène Perlant. « Pas une allusion, à personne. Mon père, j’ai peut-être voulu le protéger, inconsciemment, je pense, des coups politiques qu’il se prenait localement. » Elle affirme que son père ne savait pas, jusqu’à ce jour, qu’elle avait été victime du « système Bétharram ».

À la lecture de l’interview à Paris-Match, ce mardi 22 avril, François Bayrou a semblé « bouleversé », selon un proche cité par Le Parisien.

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