Gressier, une lueur dans la nuit

Pa-pa-pa-pa-pa ! Mais qu’est-ce qu’il nous a fait en septembre
dernier ! L’une des images fortes de l’année sportive restera en
France cette dernière ligne droite ébouriffante de Jimmy Gressier
en finale du 10 000 mètres des Championnats du monde. Seulement 5e
à un peu plus de 100 mètres de la ligne, le Boulonnais a signé une
remontée fantastique d’anthologie pour venir rafler la médaille
d’or et un premier titre majeur.

À l’issue d’une accélération saisissante dont il a le secret,
l’athlète tricolore de 28 ans a fini par s’imposer en 28’55’’77 et
coiffer sur la ligne l’Éthiopien Yomif Kejelcha et le Suédois
Andreas Almgren. 13e sur la même distance aux Jeux Olympiques de
Paris 2024, Gressier est devenu en cette fin d’été le 3e Européen à
décrocher l’or sur cette distance après l’Italien Alberto Cova (en
1983 à Helsinki) et le Britannique Mo Farah (en 2013, 2015 et
2017), et le 9e athlète bleu-blanc-rouge à décrocher un titre de
champion du monde en individuel, le tout premier depuis Kevin Mayer
(2022 au décathlon).

2 médailles : pas mal mais…

Gressier ne s’est pas arrêté là à Tokyo puisqu’une semaine après
son exploit, il a décroché le bronze du 5000 m, offrant la 2e
médaille des Mondiaux à la délégation française. Le phénomène du
fond a apporté à l’Hexagone la totalité de ses récompenses sur
cette édition 2025. Nantie de 73 athlètes, la formation tricolore
est repartie du Japon avec son meilleur bilan depuis Doha en 2019
et a fait mieux qu’aux JO de Paris (une seule breloque grâce à
Cyréna Samba-Mayela, parée d’argent sur 100 m haies).

Pas mal, mais bon… Plusieurs Français sont arrivés hors de forme
: Cyréna Samba-Mayela, Alice Finot et Clément Ducos ont notamment
déclaré forfait ou n’ont pas décroché leur sélection pour Tokyo,
Louise Maraval (8e de la finale olympique l’an passé) n’a pas
réussi à sortir des séries sur 400 m haies, Gabriel Tual (6e place
aux JO) n’a pu faire mieux qu’une demi-finale, Sasha Zhoya (arrivé
blessé et touché à la cuisse) a déclaré forfait avant les
demi-finales. Avec 16 finalistes au total, dont 3 relais (4×100 m
hommes et femmes, 4×400 m féminin), la France a pris la 9e place de
la « placing table.

« Il faut que cette équipe de France soit plus ambitieuse
»

La France doit pouvoir faire franchement mieux. « Jimmy
(Gressier) a ouvert le champ des possibles. Il a montré qu’avec une
capacité d’analyser le contexte d’un Championnat du monde, et une
préparation sportive précise dans les derniers mois, les dernières
semaines et les derniers jours, c’était possible. Il a embarqué
avec lui 14 autres finalistes. C’est encourageant, mais je suis
forcément insatisfait, a glissé Franck Bignet, le DTN de la
Fédération française d’athlétisme. On peut espérer faire encore
mieux sur les finalistes. »

« Ce qu’on peut mieux faire, c’est déjà de mieux analyser avec
chaque athlète le contexte des Championnats du monde. Ce sont des
moments particuliers, il faut qu’on soit capables de les décoder,
de les appréhender avec chacun d’entre eux. Des chemins pour y
arriver, il y en a plein, mais les invariants de la performance
sont là pour tout le monde. Jimmy a su le faire. Maintenant, à
nous, la Fédération, de le faire avec le plus grand nombre parce
que 2 médailles, c’est bien, mais il faut que cette équipe de
France soit plus ambitieuse, elle a raison de l’être », a ajouté le
DTN. On espère donc voir davantage de Français avec une médaille
autour du cou lors de la prochaine grosse compétition…