Chelsea-MU, l’incroyable guerre pour une pépite d’Afrique

Les grosses cylindrées européennes sont prêtes à aller loin pour
tenter de débaucher des grands talents mondiaux, quitte à batailler
férocement avec des rivaux intéressés. John Obi Mikel,
ex-international nigérian passé par Chelsea, en a fait l’amère mais
incroyable expérience à 17 ans. Dans le podcast The Rest Is
Football, animé par Gary Lineker, l’ancien milieu revient sur le
feuilleton ahurissant qui l’a opposé à Manchester United et Chelsea
en 2005.
« J’allais signer à Manchester United. Fergie m’adorait
», confie Obi Mikel. Le jeune milieu brille alors à la Pepsi
Academy, et tape dans l’œil des Red Devils. Convié à s’entraîner
avec les pros, il évolue quelques jours aux côtés de Roy Keane,
Paul Scholes et compagnie. « Ferguson m’a dit qu’ils allaient
me renvoyer au Nigeria jusqu’à mes 18 ans pour faire une demande de
visa spéciale puisque je ne pouvais pas signer en pro avant ma
majorité ».
Planque, pressions, signatures forcées
Mais la donne change rapidement. Chelsea entre dans la danse et
ne compte pas laisser passer l’occasion. « J’étais chez moi
avec ma famille quand j’ai reçu un coup de fil d’un agent lié Ã
Chelsea. Je suis allé faire un essai à Londres. » Sur place,
Obi Mikel s’entraîne avec Marcel Desailly, Jimmy Floyd Hasselbaink
et d’autres stars des Blues. Chelsea, confronté au même problème
légal que Manchester, décide alors de ne pas répéter l’erreur des
Mancuniens.
« Ils m’ont envoyé dans un club en Afrique du Sud, là où les
infrastructures étaient meilleures. » C’est là que commence un
jeu de cache-cache ahurissant entre deux géants du foot
anglais.
Au moment où la formation sud-africaine tente de le faire
signer, Chelsea refuse, craignant un dédommagement futur. Le club
londonien l’envoie alors… en Norvège. « Je n’avais même pas de
vêtements chauds, il y avait de la neige partout. » Il
atterrit à Lyn Oslo, dispute un match… et Manchester United
retrouve enfin sa trace.
Des alertes disparition à l’échelle nationale !
« Ferguson envoie quelqu’un avec un contrat. Je suis enfermé
dans un bureau, sans téléphone. Le coach du club avait joué Ã
Manchester United par le passé, il devait me convaincre. » Le
joueur finit par signer, Ã seulement 17 ans, un contrat avec un
million de livres à la clé. « Je pensais pouvoir sortir ma famille
de sa situation. »
En apprenant cette nouvelle, Roman Abramovitch explose. Pour les
Blues, c’est une trahison. « Ils ont envoyé mon agent me
récupérer en Norvège. Il m’a caché quelque part. Il y a eu des
alertes de disparition à l’échelle nationale. Les gens devaient
appeler la police s’ils me voyaient. » Sa petite amie
norvégienne l’appelle, paniquée après avoir vu les alertes. «
Je lui ai dit de ne rien dire, que je regardas des matces de
football avec mon agent. » Finalement, la presse le
retrouve.
José Mourinho, tout juste nommé, pousse pour le faire venir.
« Il voulait que je signe. Chelsea était en train de devenir un
grand club. Il y avait une histoire à écrire, alors que Manchester
United avait déjà tout gagné. »
L’histoire se termine avec un accord à l’anglaise : Chelsea
débourse 16 millions de livres pour racheter le contrat signé avec
Manchester United et Lyn Oslo. Mikel s’engage finalement avec les
Blues, où il restera plus d’une décennie. À la clé : une Ligue des
champions, deux titres de Premier League et une place dans
l’histoire du club londonien.
Un épisode digne d’un film, raconté aujourd’hui avec le sourire…
mais qui en dit long sur les coulisses sans pitié du football
européen.
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