Ce que le pape doit au polythéisme

Connaissez-vous les auspicia ? Ces présages qu’on lisait, aux temps de la Rome antique, dans les entrailles des bêtes ou, plus poétique, dans le vol des oiseaux ? De là, la croyance étrange que ce qui vient de gauche, sinister en latin, annonce un événement… sinistre.

Pour savoir à quelle sauce divine ils allaient être mangés, les Anciens avaient donc les yeux tournés vers le ciel, comme nos contemporains ont scruté en mondovision, ces derniers jours, les hautes cheminées du Vatican. N’y a-t-il pas, dans cette fumée papale, le souvenir de celle qui montait des sacrifices vers les splendeurs de l’Olympe ?

Intrigues feutrées

Et, dans la déclaration en latin du protodiacre au balcon de la Loggia des bénédictions (« Annuntio vobis gaudium magnum : habemus papam » ; « Je vous annonce une grande joie : nous avons un pape »), un écho des solennelles prises de paroles antiques ?

À LIRE AUSSI Qu’est-ce que l’ordre de Saint-Augustin auquel le pape Léon XIV appartient ?Si la Curie romaine, avec ses intrigues feutrées, évoque un Sénat revu et corrigé par les Évangiles, c’est le titre du pape, pontifex maximus (souverain pontife), qui nous renvoie le plus aux calendes grecques, ou plutôt romaines.

Pontifex, « faiseur de ponts » (entre les hommes et les dieux), est le titre que portait alors le plus haut dignitaire religieux. Il pouvait d’ailleurs se cumuler avec celui d’empereur, concrétisant symboliquement cette alliance du spirituel et du politique qui vaut encore aujourd […] Lire la suite