Camavinga, la grosse polémique

Eduardo Camavinga s’est mis une
partie de l’extrême droite et des nationalistes français à dos à
cause d’investissement à l’étranger.
Eduardo Camavinga se retrouve malgré lui au centre d’une
polémique politique et idéologique. Le milieu de terrain du Real
Madrid et de l’équipe de France est attaqué sur les réseaux sociaux
par une partie de l’extrême droite et des milieux nationalistes,
après l’annonce de projets d’investissements en Angola, son pays de
naissance. Avant de se pencher sur ce qui lui est reproché, un peu
de contexte est nécessaire.
Né en 2002 à Micondje, une semi-enclave angolaise située entre
la République démocratique du Congo et l’océan Atlantique, en
pleine période de conflit armé, Eduardo Camavinga a quitté le pays
à l’âge de deux ans avec sa famille pour s’installer en France.
C’est dans l’Hexagone qu’il a grandi, a appris le football et lancé
une trajectoire de prodige, du Stade Rennais au Real Madrid,
jusqu’à devenir un cadre de la sélection française qu’il représente
depuis ses 16 ans.
Durant les fêtes de Noël, le joueur de 23 ans s’est rendu en
Angola, accompagné de ses parents, de son agent et de plusieurs
proches. Reçu officiellement par le secrétaire d’État Paul Madeira,
Camavinga a évoqué sa volonté d’y investir durablement, notamment à
travers la création d’une académie de football. Une information
révélée par Le Figaro, qui a provoqué de vives réactions.
Jean Messiha crie au scandale
Parmi elles, celle de Jean Messiha, polémiste proche du parti
Reconquête d’Éric Zemmour et candidat déclaré aux législatives de
2026 à Évreux. Sur le réseau social X, il a ainsi publié un message
virulent : « Je vous présente Eduardo Camavinga, international
“français” de foot. L’archétype des immigrations que les Français
ne supportent plus. Ce type est né en Angola. […] Après avoir fait
sa carrière, sa réputation et sa fortune en France, il envisage
d’ouvrir une académie de football en Angola afin, dit-il, de
“rendre à mon pays ce qu’il m’a apporté”. Son pays qui ne lui a
rien apporté du tout puisque c’est la France qui l’a fait roi du
début à la fin ! Pourquoi une telle ingratitude ? Quand va-t-il
rendre à la France ce qu’elle lui a apporté ? »
Des propos qui ont suscité une vague d’indignation et de soutien
envers le joueur. Car Eduardo Camavinga n’a jamais renié la France,
ni minimisé ce qu’elle lui a offert. Il porte le maillot bleu avec
fierté depuis l’adolescence et s’est toujours montré irréprochable
dans son engagement sportif et public.
S’investir dans son pays natal, quitté dans l’enfance dans des
circonstances dramatiques, ne signifie pas renier son pays
d’adoption. À seulement 23 ans, Camavinga choisit au contraire de
mettre sa notoriété et ses moyens au service de jeunes enfants
privés des opportunités qui lui ont été offertes. Une démarche
solidaire que beaucoup estiment exemplaire, et qui interroge, une
fois de plus, le regard porté en France sur les sportifs issus de
l’immigration et la légitimité de leurs engagements.


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