10 December 2025 00:14

Bixente Lizarazu en plein cauchemar

Tandis que le PSG a rendez-vous à
Bilbao ce mercredi, ces derniers jours marquaient un triste
anniversaire pour Bixente Lizarazu, pour qui le passage chez le
club basque est synonyme de mauvaise souvenirs

Le 6 décembre 2000, une lettre de menaces est envoyée de
Paris-Louvre, poste alors ouverte jour et nuit, à destination des
parents de Bixente Lizarazu, installés à Hendaye, à la frontière
espagnole. Dans l’enveloppe, deux pages dactylographiées rédigées
en basque qui s’adressent clairement au latéral de l’équipe de
France, même s’il n’est jamais nommé. Mais le message est clair:
charge à lui de s’acquitter de « l’impôt
révolutionnaire » réclamé par l’organisation basque ETA s’il
ne veut pas s’exposer à des représailles.

Après avoir souligné les mérites des Bleus, vainqueurs de la
Coupe du monde en 1998 et sacrés à l’Euro quelques mois plus tôt,
et notamment « l’exemplarité de son jeu », les auteurs de
cette lettre changent de ton et expliquent ressentir «
inquiétude et colère car tu as défendu les couleurs d’un Etat
ennemi ».
Aussi, le «traître fortuné » doit se
rattraper et payer son dû. « Tu as été payé au centuple pour porter
le maillot d’un État oppresseur avec l’argent volé aux Basques et
au peuple basque», est-il ainsi écrit, les séparatistes basques
ajoutant : « Tenant compte des émoluments reçus de l’ennemi,
ETA s’adresse à toi. »

Evoquant les «gros besoins économiques » de
l’organisation pour «mener la lutte», l’ETA se montre explicite:
« Nous te demandons une aide financière. […] Une non-réponse à
notre demande entraînerait une réponse contre toi ou contre tes
biens.»
L’authenticité de la missive ne fait guère de doute et
la menace est prise au sérieux alors que l’ETA a fait 21 morts et
60 blessés côté espagnol durant l’année.

En Allemagne, j’allais aux entraînements du Bayern dans une
berline blindée camouflée avec des armes à portée de main

Ainsi, le joueur est placé sous protection par son club, le
Bayern Munich, et de gardes du corps du Service de sécurité du
ministère de l’Intérieur sont également mis à son service lors de
ses retours en France. Jugeant « cette nouvelle [menace d’ETA]
absurde dans ses motivations et ses fondements »,
le Premier
ministre de l’époque, Lionel Jospin, assure le latéral tricolore de
tout son soutien, convaincu que «l’homme, équilibré et sensible
»
qu’il est « prendra ça avec beaucoup de calme
».

Bixente Lizarazu a évoqué le sujet à l’issue de sa carrière dans
son autobiographie. « En Allemagne, j’allais aux entraînements
du Bayern dans une berline blindée camouflée avec des armes à
portée de main. Je m’imagine dans l’Aston Martin de James Bond. Ce
délire, dans lequel je suis dans la peau de 007, enlève la gravité
à ce rituel pesant et me permet de le supporter »,
avait-il
expliqué, ajoutant au sujet de son quotidien dans le Pays Basque:
« Dans le Pays Basque, tous les matins ils inspectaient ma
voiture, ils regardaient en-dessous, ils la démarraient. Dans les
aéroports, je prenais les entrées secrètes, réservées aux chefs
d’État.»

Author