Bernard Hinault, le verdict tombe

Dernier vainqueur français du
Tour de France, Bernard Hinault a longuement évoqué dans les
colonnes de L’Equipe les difficultés des coureurs tricolores sur la
Grande Boucle.
C’est un anniversaire dont il se serait bien passé. Le Tour de
France 1985 marque en effet les 40 ans de la dernière victoire de
Bernard Hinault sur la Grande Boucle, la dernière d’un coureur
français sur le Tour. Une disette que le « Blaireau » n’a
pas de mal à expliquer.
« Peu à peu, on a perdu l’habitude de se voir comme des
possibles vainqueurs du Tour, on a laissé la main aux autres. Je me
serai bien passé de ce record de longévité, car on est un pays de
vélo, avec les plus belles courses du monde, et surtout la plus
importante, le Tour. C’est une anomalie de l’histoire de notre
sport », a-t-il ainsi confié auprès de L’Equipe avant
d’évoquer la mondialisation de son sport.
« Le cyclisme a commencé à se mondialiser. On n’était
plus les seuls avec les Belges, les Italiens et les Espagnols Ã
dominer le cyclisme, a-t-il expliqué. Les Colombiens sont
arrivés, suivis des Américains avec Greg Lemond. Puis ce fut au
tour des Australiens et des Anglais, ça venait de tous les coins de
la planète. Il a fallu encore plus partager le gâteau et on n’a pas
su défendre notre part. Normalement, ça n’aurait jamais dû nous
empêcher de gagner mais visiblement, on a perdu nos repères avec
l’arrivée de ces nouvelles nations. »
Bernard Hinault regrette le manque d’ambitions des
Français
Bernard Hinault a également dénoncé le manque d’ambitions des
coureurs français. « C’est trop facile de se cacher
derrière un quelconque complexe. Quand on fait du sport de haut
niveau, on a envie de gagner, a-t-il asséné. Et depuis des
années, je n’ai pas cette impression quand j’entends les Français
annoncer leur objectif au départ du Tour : une place dans le
Top 10 au classement final. Je ne supporter pas d’entendre un
coureur dire après la ligne d’arrivée qu’il avait de bonnes jambes.
Les bonnes jambes, pour moi, elles sont faites pour
gagner. »
Et désormais le public tricolore se contente de peu, de trop peu
pour inciter les coureurs tricolores à viser la victoire. «
Mais les coureurs ne sont peut-être pas les seuls responsables.
La quatrième place de Gaudu, en 2022, a été traité comme s’il avait
gagné ou presque, a-t-il ainsi relevé. Ça ne l’a
certainement pas servi par la suite pour viser plus haut, car il
avait déjà connu en France presque tous les honneurs qu’on réserve
normalement au vainqueur. »
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