Bercy demande aux ministres de revoir leur copie pour proposer plus d’économies

POLITIQUE – Le compte n’est (toujours) pas bon. Le gouvernement a beau se creuser la tête pour identifier des mesures d’économie, le résultat n’est pas là . La consigne passée par le Premier ministre François Bayrou est pourtant claire : 40 milliards d’euros doivent être économisés pour le budget 2026, répartis entre l’État, la Sécurité sociale et les collectivités locales. L’objectif étant de réduire le déficit public à 4,6 % l’an prochain.
Mais une telle somme impose des choix cornéliens auxquels ne sont pas prêts à consentir tous les ministres. Chacun défend son bout de gras, Gérald Darmanin ayant par exemple déjà annoncé que « pas un euro » ne serait retiré au ministère de la Justice, dont il a la charge, et que même les moyens alloués à son fonctionnement « continueront d’augmenter ». La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a donc eu beau jeu de siffler la fin de récré ce dimanche 8 juin dans un entretien au journal d’extrême droite le JDD.
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« Le compte n’y est pas », assène-t-elle en bonne gestionnaire. Avant d’expliquer la méthode qu’elle compte employer dans les prochains jours : « Je recevrai chaque ministre pour préparer le budget. L’objectif est que les propositions qu’ils me feront à ce moment-là soient sincères, responsables, crédibles et tout simplement à la hauteur de l’enjeu », poursuit-elle, estimant que « nous sommes au bout d’un système et cela signifie que les ministères devront dépenser moins l’année prochaine que cette année ». Mais, prend-elle soin de préciser, « cela ne veut pas dire faire moins sur tout ». Non, il s’agit seulement de « proposer des économies et des réformes pour financer les nouvelles priorités ». Une cure d’austérité qui ne dit pas son nom.
« Une saignée terrible » pour LFI
Et dans ce dégommage en règle, le gouvernement pourrait toucher au nombre de fonctionnaires. Amélie de Montchalin assure en tout cas que « la tendance » actuelle, qu’elle explique être à la hausse, pourrait être « revue ». Puis, comme un coup de pression adressé à ses collègues : « Un bon ministre dégage des marges de manœuvre et pilote son administration ». L’ancienne ministre de la Fonction publique assure rejeter « le rabot aveugle », et prône « une réorganisation massive de l’État, pour plus d’efficacité et plus de lisibilité ». « Nous allons demander, ministère par ministère, à revoir les besoins de recrutement d’une part et les revalorisations salariales d’autre part », résume Amélie de Montchalin.
De fait, le gouvernement privilégie une baisse des dépenses plutôt qu’une hausse des recettes, notamment en matière fiscale, comme continue de le proposer la gauche. « Ça va être une saignée absolument terrible », prédit déjà le président de la commission des Finances Éric Coquerel (LFI). Ce proche de Jean-Luc Mélenchon invite d’ailleurs le gouvernement à « s’interroger pour savoir si c’est vraiment l’urgence de réduire les déficits ». Sur France Inter ce 8 juin, Éric Lombard a pourtant répété doctement la ligne du gouvernement : « Nous ne souhaitons augmenter ni les impôts des Français ni ceux des entreprises ». Le ministre de l’Économie a identifié une voie de passage : « Trouver un consensus par des dialogues avec des solutions innovantes ». En d’autres termes, il assure que ce sera aux parlementaires, au cours de leurs travaux, de faire évoluer la copie du gouvernement sur le budget.
François Bayroyu doit présenter d’ici au 14 juillet les grandes lignes du budget 2026. Son examen, à l’automne, promet d’être sous haute tension. C’est là -dessus que Michel Barnier avait trébuché l’hiver dernier.
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