Alaphilippe, une victoire et puis c’est tout

Il attendait cette victoire depuis plus d’un an. Alors quand il
a levé les bras lors du Grand Prix Cycliste de Québec après avoir
récité une leçon de cyclisme tactique à la mi-septembre, le
puncheur a savouré comme jamais. « Je ne me suis jamais approché du
podium alors que c’est une course que je rêvais de gagner, avait
raconté le coureur de Tudor à L’Équipe. Deux jours plutôt, il avait
aussi dit, toujours à L’Équipe : « Il y a certains moments où
j’aurais aimé être un peu plus présent, j’aurais dû avoir un peu
plus de réussite, d’audace. J’espérais mieux sur les Classiques
ardennaises et le Tour de France, deux moments de la saison où
j’étais attendu. J’ai dû rester patient parce que ça n’allait pas
comme je voulais. » Malgré les difficultés des dernières saisons,
Julian Alaphilippe n’a jamais abdiqué, même quand il semblait au
fond du gouffre.

Cette victoire lui a non seulement fait le plus grand bien mais
lui permet de poursuivre une incroyable dynamique. En effet, le
puncheur est sur une série de douze années – soit depuis qu’il est
professionnel – avec au moins une victoire. Seuls quatre coureurs
(Diego Ulissi, Alexander Kristoff, Sam Bennett et Arnaud Démare)
font mieux. Cette statistique démontre que quoi qu’il lui arrive en
cours de saison, le Français sait parfaitement rebondir à un moment
ou à un autre.

Une année en dents de
scie

Comme il l’a dit lui-même à Québec, Julian Alaphilippe nourrit
des regrets, notamment sur la Grande Boucle (56ème du général). Sur
le Tour de France justement, il a souvent chuté et a aussi connu la
mésaventure de célébrer une victoire alors qu’il venait de finir
troisième. Symbole que la poisse de ces dernières années ne l’avait
pas tout à fait quittée. Comme lors des Championnats du monde à
Kigali au Rwanda avec cet abandon dès le début de la course en
ligne. Cette année, le leader de Tudor n’a pas connu autant de bons
moments qu’il espérait sur certaines courses comme Milan-San Remo
(42ème), l’Amstel Gold Race (20ème), la Flèche Wallonne (22ème) ou
le Tour de Lombardie (23ème). L’homme aux 45 succès en carrière a
tout de même pu savourer à quelques occasions comme la Figueira
Champions Classic (8ème), le Tour de Suisse (5ème du général), le
Tour de Grande-Bretagne (3ème du général) ou encore dernièrement
les Trois Vallées Varésines (3ème).

Alors certes, Julian Alaphilippe n’a pas brillé autant qu’il
l’aurait voulu mais il s’en contentera aisément, avec une revanche
à prendre l’année prochaine. « Il avait à coeur de montrer à tout
le monde qu’il était encore là, a avoué sa compagne, Marion Rousse,
sur la télé canadienne. Il se mettait une pression incroyable sur
cette fin de saison, il m’a dit cet été qu’il n’allait vivre que
pour le vélo jusqu’à la fin de l’année, parce que sinon il allait
très mal vivre de ne pas gagner de la saison. »