19 December 2025 16:32

L’aveu puissant d’Emilien Jacquelin

Longtemps connu pour lâcher les
chevaux en course, Emilien Jacquelin regrette d’avoir eu trop
tendance à un moment de se brider. Vendredi, après sa 3e place sur
le sprint du Grand-Bornand, l’Isérois était ravi d’avoir laissé
parler son instinct, comme à sa grande époque.

Déjà vainqueur au Grand-Bornand, Emilien Jacquelin (30 ans) a
emboîté le pas vendredi de Lou Jeanmonnot, 2e la veille, en montant
lui aussi sur le podium (3e) du sprint de l’unique manche française
de la Coupe du monde. Mais plus que ce Top 3 à domicile – son 33e
podium en carrière – c’est surtout la manière dont il est allé le
chercher qui faisait très plaisir au Grenoblois, auteur d’un 9 sur
10 au tir. Jacquelin, comme il l’avait déjà fait la semaine
dernière à Hochfilzen, avait ainsi décidé de lâcher les chevaux de
nouveau. La marque de fabrique depuis ses plus jeunes années de
celui qui avait pourtant concouru contre-nature.

« Il y a quelques années, j’étais un jeune homme
ambitieux qui osait et qui ne cherchait pas à réfléchir, et à un
moment, je me suis perdu à vouloir faire des choses qui ne me
correspondent pas depuis tout jeune et ne sont pas ma vision de
l’athlète que je voulais être. Je me suis complètement perdu et ici
au Grand-Bornand – j’avais senti que ça revenait à Hochfilzen –
j’avais envie de retrouver un peu cette âme d’enfant, le biathlon
que j’aime et ce que j’ai envie d’entreprendre. Je me suis fait
plaisir en tout cas »
, savourait au micro de La
Chaîne L’Equipe
le double champion du monde de la poursuite,
par ailleurs pleinement satisfait de cette 3e place.

Jacquelin : « Demain
(samedi), pas de cadeau »

« Pas de regrets non. Sur la première balle de bout,
belle crispation. J’y ai pensé en plus
(rires) : le
public, le coach et vous, vous alliez dire : « Voilà, il est
parti pour quatre tours le chef »
(il sourit). Mais
non, je suis resté concentré. Je savais que c’était une petite
erreur et j’ai pris un peu plus le temps sur la deuxième. Ensuite,
ça a déroulé. J’ai entrepris, sur la piste ou sur le pas de tir. Et
c’est comme ça que ça me réussit »
.

Avec l’espoir d’au moins rendre une aussi belle copie samedi sur
la poursuite (« J’ai donné mon maximum aujourd’hui, la
forme sera meilleure demain (…) et pas de cadeau dès le premier
tour »
), le si emblématique et atypique Jacquelin, qui
s’élancera avec cinq secondes de retard uniquement sur Vetle
Christiansen, a appliqué sur ce sprint une recette qui lui a
toujours réussi. Même si la méthode peut interpeller.

« Des fois, je peux être un peu dur sur la piste. J’ai
besoin d’extérioriser, donc si je sens que sur le ski, c’est dur,
je le dis à un peu près tous les coachs que je croise. Je perds un
peu d’énergie à faire ça, mais c’est aussi ce qui me permet de
rester concentré sur le pas de tir et d’extérioriser pour rester le
plus possible focus sur moi. »
Cela méritait bien de
grimper sur ce podium « de 2021 », dixit
Jacquelin.

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