Les ambitions de Fabien Galthié pour 2027

Le tirage au sort de la Coupe du
monde 2027 a été effectué ce mercredi. La France figure dans le
groupe E avec le Japon, les États-Unis et les Samoa. Une poule sur
le papier abordable qui permet de se projeter un peu plus selon
Fabien Galthié.
Que vous inspire ce tirage au sort ?
Ce tirage pour cette Coupe du monde 2027 en Australie nous
projette directement sur la compétition. C’est déjà demain. On
attend cette Coupe du monde de pied ferme. En étant tête de série
et avec cette nouvelle formule, on aurait pu imaginer que l’on
aurait une poule abordable. On va quand même prendre le temps et
respecter ces équipes. Ensuite, vous imaginez un parcours jusqu’en
quarts de finale voire une demie dans un tableau où on retrouve
l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud. Il y a neuf
titres de champion du monde dans cette partie de tableau, deux pour
les Wallabies, trois pour les All Blacks et quatre pour les
Springboks.
C’est un groupe sans aucune nation européenne. Est-ce
que le fait de démarrer la compétition avec des équipes abordables
sur le papier, permet de se lancer dans le tournoi ? Ou au
contraire, auriez-vous préféré figurer dans un groupe plus relevé
comme en 2023 ?
Je n’ai pas de préférence. Une Coupe du monde, c’est long. De
toutes les grandes épreuves sportives, c’est sûrement la plus
longue. C’est plus long que les Jeux Olympiques, qu’une Coupe du
monde de football… Il faut minimum cinq jours à un joueur pour
enchainer deux matchs. À partir de cette édition 2027, il y a des
huitièmes de finale. C’est quasiment une compétition de deux mois,
avec pour ceux qui vont en finale ou ceux qui jouent les
demi-finales, sept matchs. C’est une compétition très longue. Nous
avons déjà joué contre le Japon. Nous avons également affronté les
États-Unis en Coupe du monde. J’ai même participé à une rencontre
face aux Américains en 1991. Nous nous sommes également confrontés
aux Samoa par moments. C’est une poule abordable et je le dis en
respectant nos futurs adversaires.
Êtes-vous content de ce tirage ?
Quand on assiste en direct au tirage au sort d’une Coupe du
monde, ça nous fait quelque chose. Je suis content, heureux. On
peut imaginer et se projeter enfin sur cette compétition que l’on
attend. Il y a une grande envie de disputer cette compétition. La
nouvelle formule permet de faire grandir cette Coupe du monde.
Quand on voit le parcours potentiel que l’on peut faire, c’est
grandiose. Avec le pedigree des autres nations de cette partie de
tableau, il y a quelque chose d’immense à défier.
Est-ce que la préparation sera différente de 2023
?
Tout à fait. On apprend des expériences précédentes. On sait
qu’il y aura quatre semaines de repos entre la finale du Top 14 et
le début de la préparation. C’est deux semaines de plus qu’en 2023.
Les joueurs qui disputeront la finale du Top 14 auront un mois pour
se régénérer. On a prévu trois matchs de préparation en Europe. Je
ne peux pas vous divulguer les noms de ces adversaires. On
attendait le tirage au sort pour valider ces matchs amicaux. Ce
seront trois beaux matchs. Il faudra ensuite voyager vers
l’Australie avec un délai suffisant pour se remettre tranquillement
du décalage horaire. C’est une vision sur cinq mois avec la fin du
Top 14, ce mois de régénération, un peu moins de deux mois de
préparation et un peu moins de deux mois de compétition.
Que pensez-vous des États-Unis, une nation peu affrontée
par le XV de France et qui accueillera la prochaine Coupe du monde
en 2031 ?
Difficile de juger. La dernière fois que nous avons affronté cet
adversaire, c’était au Japon lors de la Coupe du monde en 2019
(33-9). Il y a quelques joueurs qui jouent en France. Les
Américains ont un championnat d’Amérique avec beaucoup de matchs
contre l’Uruguay, le Chili et l’Argentine. Les États-Unis sont dans
un environnement où ils ne jouent quasiment jamais contre des
nations européennes majeures, notamment sur des tournées de
novembre. L’ambition de WorldRugby, c’est d’aller chercher de
nouvelles terres de rugby, avec justement ce Mondial en 2031.
Comment faire pour monter en intensité durant cette
préparation ?
Le choix des nations est en cours. On ne voulait pas affronter
une équipe présente dans la poule voire dans la même partie de
tableau. D’ici un mois, vous saurez si tout est ok. Ce tirage au
sort est parfait pour monter en puissance, notamment avec des
quarts de finale et des demi-finales qui se profilent. Il faut
respecter nos adversaires. Tout le monde se projette dans ces
dix-huit prochains mois et dans l’univers exceptionnel d’une Coupe
du monde. C’est déjà demain. Et il y a un espace temps qui permet à
chaque joueur de penser qu’il peut en être.
Il y aura trois matchs de préparation. Est-ce une
obligation ou un souhait ?
C’est bien de disputer ces trois matchs. Si on regarde bien,
notre saison internationale fait huit matchs. Il y a le Tournoi des
Six Nations et les matchs de novembre. On part en tournée d’été
avec une équipe reconfigurée. Si on se projette, il y aura cinq
matchs des Six Nations, une tournée particulière puis on va
disputer la nouvelle compétition (Coupe des nations) avec trois
matchs et un match de classement. Et ensuite un autre tournoi des
Six Nations. Finalement, ça fait peu. C’est intéressant de rajouter
trois matchs de préparation. On en avait fait quatre en 2023 et ça
avait été formidable pour affronter la Nouvelle-Zélande. Pourquoi
pas quatre ? Il faut laisser du temps aux joueurs pour qu’ils se
régénèrent avant de partir. Il y a ce temps d’acclimatation en
Australie et aussi parce que WorldRugby interdit de jouer jusqu’à
une certaine date. Ce choix de trois matchs amicaux est cohérent,
c’est ni trop, ni pas assez. Il y aura aussi de la rotation. Ça
permet également de régler ou d’identifier des problèmes.
Est-ce qu’on peut faire de l’Afrique du Sud un
épouvantail ?
Il faut faire attention et garder en tête l’Australie qui est le
pays hôte de la compétition. Les Wallabies ont une ambition forte,
la Nouvelle-Zélande n’est pas loin de chez elle non plus. Et oui
bien sûr, il y a l’Afrique du Sud, le double champion du monde en
titre qui marche actuellement sur le rugby. C’est potentiellement
un rendez-vous grandiose. Potentiellement car on doit terminer
premier de poule.
Quel est votre avis sur l’organisation d’un tirage au
sort à un peu moins de deux ans de l’évènement ?
Je pense que le classement mondial ne va pas trop bouger d’ici à
l’ouverture de cette Coupe du monde. Je ne sais pas pourquoi la
date du tirage au sort est critiquée. C’est sûr que ce n’est pas
comme au football. Le football a peut-être des contraintes que le
rugby n’a pas ou inversement. Je trouve que cela permet de
connaître et choisir assez tôt le camp de base. Et les lieux des
matchs, sans oublier les supporters pour qui c’est une certaine
organisation. Je trouve que ça permet aussi aux joueurs de se
projeter rapidement.
Depuis 2011, les Bleus n’ont pas mis un pied en
demi-finales d’une Coupe du monde. Avec ce tableau ouvert, il est
possible voire normal d’espérer un XV de France dans le dernier
carré. Paradoxalement, est-ce que cela peut mettre plus de pression
?
La pression est là tout le temps et c’est normal. Vous parlez de
2011, je vous répond que jamais l’équipe de France n’a gagné la
compétition.
Ce tirage est l’occasion de se projeter, est-ce que
votre équipe peut être championne du monde dans deux ans
?
Oui. C’est notre ambition. Je réponds de manière claire. Notre
équipe peut gagner. Ça va être très compliqué, on ne l’a jamais
fait. On veut être à jamais les premiers.


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