Loeb passe aux aveux après une énorme bêtise

Sébastien Loeb a remporté dans sa
carrière neuf titres de champion du monde des rallyes. Mais l’un
d’eux n’a tenu qu’à un fil.
Nonuple champion du
monde WRC, Sébastien Loeb est une légende du sport
automobile que s’apprête à rejoindre sans doute un Sébastien Ogier
briguant ces jours-ci en Arabie saoudite son neuvième sacre mondial
lui aussi. Pourtant l’Alsacien qui aura conservé la couronne sans
interruption entre 2004 et 2012, l’un des titres chèrement acquis
n’a tenu qu’à un fil. Son troisième, décroché en 2006.
Alors qu’il mène les débats allègrement après huit rallyes sur
12 cette année-là, Sébastien Loeb se brise en quatre morceaux
l’humérus droit. Un accident de moto qu’il maquille en mauvaise
chute à vélo pour ne pas subir les foudres de son équipe. « Je
faisais de temps en temps un peu de bécane, comme ça m’arrive
encore aujourd’hui. C’était une petite virée tranquille dans les
bois derrière chez moi, sans rien faire de fou. Je me rappelle
encore de la gamelle. Une chute de blaireau sur un petit chemin
quasiment en ligne droite. Il avait plu la veille et il y avait une
racine en travers du chemin dans laquelle ma roue avant a tapé. Je
n’ai même pas eu le temps de réagir, je suis tombé sur la tête et
sur l’épaule. Après avoir repris mes esprits, mon premier réflexe a
été de vouloir tenter de relever la moto mais j’étais incapable
d’attraper le guidon. Mon bras pendait, je ne le contrôlais même
plus », se remémore-t-il aujourd’hui dans une interview
accordée à L’Equipe.
Pourquoi diable avoir caché la vérité à son mentor Guy
Fréquelin, son patron d’alors chez Citroën ? Parce que l’as du
volant avait déjà failli quelques temps plus tôt au guidon de sa
moto. « Je m’étais déjà cassé un orteil deux semaines plus
tôt en faisant de la bécane, ce qui avait obligé Citroën à
organiser à l’arrache et en catimini une séance d’essais pour voir
si je pouvais piloter avec une attelle qui me maintenait le pied
pour me permettre de freiner avec une pression uniforme. […]
On part à Chypre avec cette attelle, je gagne, je rentre à la
maison et deux jours plus tard je me casse le bras… Si je n’étais
pas déjà tombé deux semaines plus tôt, j’aurais dit la vérité au
Freq’ mais là je ne me sentais pas de lui dire que j’avais à
nouveau déconné et c’est pour ça que j’ai mis en scène cette
histoire de vélo. »
Elena voulait jouer les jokers
Alors opéré en Suisse, Sébastien Loeb, flanqué de 16 vis dans le
bras droit, ne pourra plus reprendre le volant cette saison-là. «
Un mois après l’opération, je n’arrivais toujours pas à lever
le bras. Je flippais, j’étais en centre à Capbreton et le docteur
disait que c’était une conséquence du choc. Comme ils ont senti que
j’étais inquiet, ils m’ont fait passer un examen et on s’est alors
rendu compte que j’avais raison et que rien ne marchait, qu’un nerf
était touché. Sur le coup, on me dit que ça peut revenir dans un
mois si le nerf a juste été écrasé, dans six mois ou dans deux ans
s’il a été coupé ou même jamais si la gaine a été arrachée.
Heureusement deux ou trois semaines après, les premières sensations
sont revenues. Mais de là à pouvoir rouler en course… »
Marcus Grönholm, son challenger du moment en WRC, ne parviendra
pas finalement à combler ses 35 longueurs de retard. Après une
victoire sans partage en Turquie, le Finlandais perdra tout espoir
sur une sortie de piste en Australie, à deux rallyes de la fin du
championnat. Un vrai soulagement pour Sébastien Loeb et Citroën,
qui s’imaginaient devoir composer avec un improbable joker sur
l’ultime manche de la saison, en Grande-Bretagne. « On a
commencé à envisager l’hypothèse que je monte dans la Xsara WRC
avec Colin (McRae) enregistré comme copilote et que ce
soit lui qui prenne le volant en spéciales puisque je n’en étais
pas capable. Sur le papier, rien n’interdit dans le règlement que
les positions soient échangées dans un équipage. Mais on ne savait
pas si ça aurait été faisable ou pas, si la FIA nous l’aurait
permis ou non. Même Danos (Daniel Elena) avec sa confiance
en lui naturelle, m’avait dit qu’il pouvait prendre le volant et
qu’il était capable de finir dans les cinq premiers », s’amuse
encore aujourd’hui Sébastien Loeb.


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