Lourdes accusations contre Tadej Pogacar

Tadej Pogacar a ajouté une nouvelle page à sa légende. Présenté
comme le principal favori à sa propre succession, le Slovène a
conservé son titre de champion du monde au terme d’un nouveau
numéro exceptionnel sur ce qui était considéré comme le parcours le
plus difficile de l’histoire des Mondiaux.

Après être passé à l’attaque sur les pentes du Mont Kigali, à
une centaine de kilomètres de l’arrivée, le quadruple vainqueur du
Tour de France a écœuré la (maigre) concurrence, terminant son
récital par un raid en solitaire de 66 kilomètres, avec au final
une minute et demie d’avance sur Remco Evenepoel et plus de deux
minutes sur Ben Healy.

Ce nouveau festival de Tadej Pogacar a suscité de nombreuses
réactions. Et si le leader de la Team UAE-Emirates s’est attiré un
nouveau concert de louanges, certains observateurs n’hésitant pas à
dire qu’il est le plus grand cycliste de l’histoire, d’autres ont
vu en cet exploit une nouvelle preuve de dopage et n’ont pas hésité
à le dire sur les réseaux sociaux.

Tadej Pogacar, des soupçons de plus en plus lourds

Et depuis de nombreux mois, des commentateurs n’hésitent plus à
partager leurs doutes. « Il y a une espèce de lâcheté
générale sur le dopage, a ainsi confié Eric Boyer, ancien
coureur et manager, lors du dernier Tour de France. Les gars
sont totalement débordés, voire écœurés par l’allure et la
domination de l’équipe UAE. Cela donne une atmosphère un peu
monotone, triste et suspicieuse. Beaucoup de coureurs sont embêtés,
ils ont peur et pleurent en cachette au pied des bus. S’ils
l’ouvrent, on me dit qu’ils vont le payer. OK, mais ils paient
déjà. Ils prennent des claques dans la gueule tous les jours et ne
se révoltent pas. » « Il faut être lucide, l’entourage de Tadej
Pogacar ne plaide pas en sa faveur », avait-il renchéri, sans
prendre la peine de nommer Mauro Gianetti, au passé sulfureux.

« Je suis quelqu’un de mesuré, je ne peux pas être
catégorique sur ce qui se passe. Mais en tant qu’entraîneur, quand
on connaît un peu la physiologie, on est un peu désabusé, on trouve
ça un peu gros. Et plus ça va, plus l’écart se creuse »,
a de son côté confié à L’Equipe Samuel Bellenoue, ancien directeur
de la performance de l’équipe Cofidis. « Avec Tadej Pogacar,
c’est comme si la fatigue des cols précédents n’existait pas. Des
coureurs passent la ligne en étant asphyxiés, lui n’a pas de
rictus, il ne respire pas. Mais si tu ne respires pas, tu n’étais
pas à fond ou quoi ? », a enrichi Alban Lorenzini, entraîneur,
spécialiste du matériel et des calculs de puissance.

Ingénieur en aéronautique et mécanique des fluides, Frédéric
Portoleau a également récemment partagé son incompréhension.
« Il y a quelque chose d’anormal avec Tadej
Pogacar », évoquant un possible « dopage sanguin
» et assurant avoir « détecté des données qui étaient
au-dessus de son profil de puissance habituel ».

Tadej Poacar est régulièrement confronté à cette suspicion en
conférence de presse. « Pensez ce que vous voulez, j’ai ma
conscience pour moi », n’hésite-t-il pas à répondre.