Roger Lemerre, hommages unanimes

Resté dans l’ombre d’Aimé Jacquet
en 1998, Roger Lemerre est entré au Panthéon du football français
grâce au sacre des Bleus à l’Euro 2000.
Si le sacre de l’équipe de France face au Brésil, le 12 juillet
1998, n’a souffert d’aucune contestation, il en fut tout autrement,
en 2000, lors de la finale de l’Euro 2000. Car les Bleus ont eu
beau dominer les débats, il ne s’en est fallu de quelques secondes
pour que l’Italie l’emporte.
Mais c’était sans compter sur un dégagement de son camp de
Fabien Barthez, une déviation de la tête de David Trezeguet Ã
l’entrée de la surface, puis surtout un contrôle orienté de la
poitrine et une frappe du pied gauche en angle croisé de Sylvain
Wiltord. Alors que s’égraine la dernière minute du temps
additionnel, les Bleus égalisent et arrachent la prolongation.
Quelques minutes plus tard, une magnifique reprise de volée de
David Trezeguet après une accélération de Robert Pirès dans son
couloir gauche offriront le titre à l’équipe de France.
Sylvain Wiltord, Robert Pirès et David Trezeguet, tous entrés en
seconde période alors que l’Italie avait pris les devants, sont
donc les héros de ce 2 juillet 2000. Un autre homme est célébré,
Roger Lemerre, le sélectionneur tricolore. S’il a connu des débuts
difficiles sur le banc après avoir succédé à Aimé Jacquet, il a su
imposer sa patte durant l’Euro et son coaching aura donc fait la
différence en finale.
Roger Lemerre s’efface derrière le groupe
« Vu par les yeux du président de la Fédération
française, Roger Lemerre est crédité d’un coaching parfait avec des
changements aux moments opportuns », lance Claude Simonet
après la finale. « A 0-1, il a fait entrer deux
attaquants. En ajouter un troisième n’était pas la solution, ils
auraient pu se marcher dessus. En revanche, il fallait aérer le
milieu de terrain, même si ça passait par le sacrifice de Lizarazu
au profit de Pires », explique son adjoint, René
Girard.
Bixente Lizarazu, en (très) bon compétiteur, a forcément mal
vécu d’être rappelé sur le banc à cinq minutes de la fin.
« Il fallait qu’on marque, il fallait une option offensive
supplémentaire. C’est le choix qu’a fait Roger, je l’ai compris, ça
a payé », a récemment confié l’ancien latéral Ã
L’Equipe.
De son côté, Roger Lemerre prend soin de s’effacer.
« J’ai gardé mes vieux généraux au début, mes fantassins ont
fait le reste quand les premiers ont commencé à courber
l’échine », indique-t-il, ajoutant : « Moi,
je n’ai rien apporté. Je ne raisonne pas en ces termes. Sur un plan
personnel, ça ne m’intéresse pas. Suis-je fier ? J’ai la même
fierté que vous, avec le sentiment de concrétiser le travail de
milliers d’éducateurs et de bénévoles. »
« Un entraîneur doit se tenir à l’extérieur du
groupe », précise-t-il encore. Le groupe aura très bien
vécu son passage sur le banc des Bleus. « J’adorais sa
faculté à animer des séances d’entraînement, avec cette petite
folie qu’il amenait en permanence qui nous permettait de sortir un
petit peu du cloisonnement dans lequel on vivait », a
expliqué par le passé Emmanuel Petit, ajoutant :
« Roger n’hésitait pas à nous remettre en place, aussi,
avec toujours une touche d’humour. Pour moi, c’était très
important. »
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