20 June 2025 11:05

Prison ferme requise à un procès pour traite d’êtres humains lors de vendanges en Champagne

Trois personnes comparaissent devant le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne pour traite d'êtres humains, soupçonnées d'avoir exploité et hébergé dans des conditions indignes 57 travailleurs (LOIC VENANCE)
Trois personnes comparaissent devant le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne pour traite d’êtres humains, soupçonnées d’avoir exploité et hébergé dans des conditions indignes 57 travailleurs (LOIC VENANCE)

“Les raisins de la misère”: le parquet a requis jeudi de la prison ferme à un procès pour traite d’êtres humains lors des vendanges en Champagne en 2023, avec pour victimes une cinquantaine de vendangeurs, souvent sans-papiers.

“On ne peut accepter que derrière une quelconque bouteille de Champagne se cachent une sous-traitance incontrôlée et une maltraitance caractérisée”, a lancé le procureur.

Il a requis quatre ans de prison, dont deux ferme, contre la gérante d’une société de prestations viticoles, et trois ans, dont un ferme, contre deux hommes accusés d’avoir recruté les vendangeurs.

Le procès s’est tenu toute la journée à Châlons-en-Champagne, en présence de dizaines de victimes. La décision sera rendue le 21 juillet.

Les réquisitions les plus lourdes visent la gérante de la société de prestations viticoles Anavim, qui les a écoutées en pleurs.

Outre la traite d’êtres humains, cette quadragénaire originaire du Kirghizistan était jugée pour travail dissimulé, emploi d’étrangers sans autorisation de travail salarié, soumission de personnes vulnérables à des conditions d’hébergement indignes, avec une rétribution inexistante ou insuffisante.

S’exprimant avec l’aide d’une traductrice, elle a nié farouchement être à l’origine des conditions d’hébergement des vendangeurs, renvoyant la balle aux deux autres prévenus, deux trentenaires accusés d’avoir participé à leur recrutement en Ile-de-France.

La société Anavim et une coopérative vinicole de la Marne, la SARL Cerseuillat de la Gravelle, sont également poursuivies comme personnes morales. Le procureur a demandé la dissolution d’Anavim et une amende de 200.000 euros pour la coopérative peu scrupuleuse, séduite par des prix “extrêmement concurrentiels”.

La gérante d’Anavim a fini par présenter des excuses, après que son avocat, Me Jean-Etienne Albertini, a plaidé la relaxe au bénéfice du doute, évoquant une “non-assistance à personne en danger peut-être, mais pas de traite d’êtres humains”.

En septembre 2023, l’inspection du travail avait procédé à un contrôle de l’hébergement mis à disposition des vendangeurs par Anavim à Nesle-le-Repons, au sud-ouest de Reims, et constaté des conditions de vie portant “gravement atteinte” à leur sécurité, leur santé et leur dignité, selon le parquet.

Cet hébergement avait ensuite été fermé par la préfecture, qui y avait constaté “des literies de fortune”, “l’état répugnant des toilettes, sanitaires et lieux communs” et des installations électriques dangereuses.

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