Pourquoi dit-on « C’est une réponse de Normand » ?

« P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non… » Tel est le prudent avis que vous pourriez obtenir si, de passage à Rouen (ou Caen, Honfleur, Fécamp…), vous interrogez un passant sur le risque de pluie. Cette célèbre formule illustre en effet la non moins fameuse « réponse de Normand », que l’on prête aux habitants de la région et qui se distingue par son côté au pire ambigu, au mieux évasif, et dans tous les cas, sujette aux interprétations.

Car selon la croyance populaire, les Normands seraient hésitants, rechigneraient à se mouiller (un comble pour des marins…) et pratiqueraient l’art de l’esquive dans les conversations, histoire d’éviter de trancher. D’aucuns comparent ironiquement ce talent à la langue de bois attribuée aux hommes et femmes politiques – qu’ils soient normands ou non… –, à l’inverse de certaines de leurs réponses. Aujourd’hui, l’expression est en effet passée dans le langage courant. Mais quelle en est vraiment l’origine ?

Des Normands à la réputation ancestrale

Précisons tout d’abord que cette fâcheuse réputation des Normands à cacher leur jeu ne date pas d’hier. Au XVII^e siècle, Jean de la Fontaine y faisait déjà allusion dans la morale de sa fable La Cour du lion : « Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire, ni fade adulateur, ni parleur trop sincère, et tâchez quelquefois de répondre en Normand. » En 1839, la Revue de Rouen souligne aussi leur prétendue indécision : « Au reste, c’est tout d’abord qu’en Normandie, on ne dit ni oui ni non […] Lire la suite