18 June 2025 08:56

Un rappeur du groupe nord-irlandais Kneecap au tribunal, accusé de soutien au Hezbollah

Le rappeur Mo Chara du trio nord-irlandais Kneecap comparait mercredi devant un tribunal de Londres pour “infraction terroriste”, accusé d’avoir brandi un drapeau du Hezbollah l’an dernier lors d’un concert.

Ce groupe de rap à l’énergie punk originaire de Belfast, volontiers provocateur, revendique haut et fort son engagement propalestinien.

Mais l’un des membres, Mo Chara, de son vrai nom Liam O’Hanna -Liam Og O Hannaidh en gaélique- est accusé d’avoir agité un drapeau du mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah, classé terroriste au Royaume-Uni, lors d’un concert à Londres le 21 novembre.

Un comportement qui selon la police est de nature à “faire raisonnablement soupçonner qu’il soutient une organisation interdite, à savoir le Hezbollah”, un délit selon la loi britannique.

Le rappeur de 27 ans a été inculpé le 21 mai. Il est attendu à 10H00 (09H00 GMT) au tribunal de Westminster, dans le centre de la capitale, où Kneecap a appelé ses fans à venir en nombre pour le soutenir.

Le groupe a démenti “avoir commis cette infraction” et nié tout soutien au Hezbollah, dénonçant une décision “politique”.

“Ils essaient de nous réduire au silence”, “d’annuler nos concerts, de m’enlever ma liberté de voyager”, avait dénoncé Mo Chara fin mai lors d’un festival à Londres.

“Si vous êtes libres le 18 juin… nous nous rassemblerons devant le tribunal de Westminster pour (le) soutenir”, avait lancé Móglaí Bap, autre membre du groupe.

Le trio nord-irlandais a accédé à la notoriété en 2024 avec son album “Fine Art” et un docu-fiction survolté, “Kneecap”. Primé notamment au festival de Sundance, ce film sort mercredi en France.

Fondé en 2017 et également composé de DJ Próvaí, le groupe rappe en anglais et en irlandais, prône la réunification de l’île d’Irlande et défend sa langue comme un cri “anticolonialiste” face à la puissance britannique.

– “Répression politique” –

Le nom du trio lui-même vient de la pratique des groupes paramilitaires qui tiraient sur leurs victimes au niveau des genoux durant le conflit nord-irlandais.

Kneecap a suscité de vives réactions en projetant des messages accusant Israël de commettre “un génocide contre le peuple palestinien” à Gaza sur la scène du festival californien Coachella en avril.

D’anciennes vidéos de concerts du groupe ont été exhumées sur les réseaux sociaux – dont celle du drapeau, dans laquelle un membre du groupe semble aussi crier “Allez le Hamas!, Allez le Hezbollah!” -, et la police antiterroriste a dit enquêter sur plusieurs d’entre elles.

Le groupe a par ailleurs dû récemment s’excuser après la diffusion d’une vidéo datant de 2023 semblant montrer l’un des membres appeler à la mort de députés conservateurs britanniques.

“J’ai entendu maintes fois que +c’était la fin de Kneecap+ à cause de ce qu’ils avaient dit ou fait, mais tout ce que cela a provoqué, c’est de les propulser encore plus haut”, a déclaré à l’AFP le réalisateur du docu-fiction “Kneecap” Rich Peppiatt.

Ce film donne un aperçu de la vie de la jeunesse de Belfast, née après le conflit qui a opposé jusqu’en 1998 républicains majoritairement catholiques, et unionistes essentiellement protestants attachés au maintien de l’Irlande du Nord dans le Royaume-Uni.

Après l’ouverture de l’enquête, le groupe a été écarté d’un festival dans le sud de l’Angleterre, et a vu plusieurs de ses concerts annulés, en Allemagne notamment.

Il a reçu le soutien de grands noms de la musique comme Massive Attack, Pulp ou Fontaines DC, qui ont dénoncé une “répression politique” et une “tentative claire et concertée de censure et de déprogrammation”.

Kneecap est toujours à l’affiche du célèbre festival anglais Glastonbury le 28 juin, malgré les appels des élus conservateurs et du Conseil des représentants des juifs britanniques à le déprogrammer.

cla/alm/mm

Author