17 June 2025 11:43

Les expériences ont mis à une claque à Lucien Jean-Baptiste, et à nous aussi

TÉLÉVISION – Il ne s’attendait pas à ça, et nous non plus. Lucien Jean-Baptiste s’est prêté au jeu de France 2 le temps d’une journée dédiée au racisme et à la discrimination. Assistant à une flopée d’expériences auxquelles 50 volontaires ont participé, le réalisateur et comédien a avoué à plusieurs reprises son choc et son émotion. L’émission Sommes-nous tous racistes diffusée ce mardi 17 juin vient en effet illustrer à la fois l’inconscience des préjugés et la profondeur de leur ancrage.

50 hommes et femmes de tous âges, couleur de peau et origine sociale, ont accepté de participer à une série de tests et d’expériences animés par Jamy Gourmaud devant les caméras. Sans savoir toutefois que ce qui serait observé, ce serait la manière dont les stéréotypes raciaux guident leurs décisions.

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Le réalisateur de Première étoile et Il a déjà tes yeux a assisté à toutes ces expériences depuis une « salle de contrôle », aux côtés de la journaliste Marie Drucker et du psychosociologue Sylvain Delouvée.

Les tests sont très nombreux et variés : entre un homme noir et un homme blanc habillés de la même façon, à côté de qui choisit-on de s’asseoir dans une salle d’attente ? Entre un accusé de type caucasien et un d’origine maghrébine, qui écoperait de la peine la plus lourde pour le même crime ? Un homme de couleur, un blanc et une femme sont tous pris sur le fait en train de scier le cadenas d’un vélo, comment réagissent les passants ?

Au fil des expériences, qui viennent toutes confirmer la force des stéréotypes, Lucien Jean-Baptiste ne cache pas sa tristesse. « Je vais finir en larmes, je le sais, pointe-t-il. Moi je n’ai pas forcément besoin de ces expériences pour comprendre qu’il y a de la discrimination sur certaines catégories d’individus, en revanche on a besoin de ces expériences pour comprendre comment ça se passe. »

Différencier stéréotype et préjugé

C’est ce que tente de faire Sylvain Delouvée en analysant chacun des tests de manière clinique. Il vient ainsi expliquer la puissance de l’inconscient dans certains de ces choix, conséquence d’une discrimination « culturellement apprise ». Lucien Jean-Baptiste évoque notamment le rôle des familles mais aussi des écrivains, médias et scénaristes « quand on choisit un méchant dans un scénario de film par exemple. »

Le psychosociologue vient par ailleurs faire de la pédagogie sur des notions essentielles pour comprendre ce racisme « inconscient » et notamment la différence entre un stéréotype et un préjugé, qui implique, lui, un choix. Celui par exemple d’appeler la police quand le voleur de vélo est maghrébin, mais de proposer son aide lorsque la voleuse est une femme blanche. « Il m’est arrivé combien de fois de rentrer des halls d’immeuble et on m’a dit “Qu’est-ce que vous faites là ?” », déplore l’acteur.

Chacune des expériences est tirée d’études et de test menés en France ou à l’étranger, et pour certaines depuis des décennies, avec à chaque fois les mêmes résultats. Celle dite « de l’accusé » est par exemple inspirée du test mis en place par l’école nationale de la magistrature pour sensibiliser les futurs magistrats aux préjugés. Les participants y sont cinq fois plus nombreux à donner la peine maximale (15 ans de prison) à l’accusé maghrébin.

Les biais raciaux inconscients

Dans une autre expérience, celle du laser game, les candidats doivent tirer sur des hommes de différentes origines raciales, menaçants ou non. Ce test nommé « biais du tireur » a été initialement réalisé auprès des policiers américains pour voir s’ils étaient plus enclins à tirer sur des individus noirs que blancs, même désarmés. Une expérience à laquelle l’acteur est certain qu’il aurait lui-même échoué.

D’ailleurs lorsqu’il a été invité à son tour à se risquer à un test sur la catégorisation sociale, il a été pris en défaut, peinant à différencier les visages de trois individus d’origine asiatique. « C’est terrible parce que moi aussi je l’ai entendu le “Ils se ressemblent tous” », marque Lucien Jean-Baptiste.

Expériences avec des enfants, sur des accents, ou encore sur l’empathie (ou absence de) générée par la couleur de la peau, tous les tests viennent illustrer les inévitables biais raciaux dont les candidats, et les téléspectateurs font preuve. Car ces derniers sont plusieurs fois eux aussi invités à participer aux expériences depuis leur écran.

Une émission d’1h40 poignante qui, espère Lucien Jean-Baptiste, permettra au moins de mieux comprendre les mécanismes du racisme, et au mieux de faire bouger les choses « On conditionne la discrimination, donc ça veut dire qu’on peut aussi conditionner le lien », conclut-il.

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