Lilian Thuram, la maladie est confirmée

Invité la semaine dernière par
l’Université de Bordeaux dans le cadre d’une Conférence sur les
discriminations, Lilian Thuram a longuement évoqué la question du
racisme.
A l’inverse de nombre de ses compares de France 98, Lilian
Thuram a quitté le monde du football. Si la plupart de ses anciens
coéquipiers champions du monde sont devenus entraîneurs ou
consultants, l’ancien latéral des Bleus se contente, en matière de
football, d’être le père de deux internationaux tricolores, Marcus
et Khephren Thuram.
Pour le reste, le natif des Abymes s’est surtout engagé dans la
lutte contre le racisme. Il était d’ailleurs présent, mercredi
dernier à l’Université de Bordeaux, pour participer à la Conférence
des consciences, un événement organisé par des étudiants de la
faculté de STAPS pour parler des discriminations et plus
précisément du racisme dans le sport. Un fléau dont il a été
victime lorsqu’il était joueur et qui continue de gangréner le
football.
« J’ai vécu les cris de singe dans les tribunes et les
bananes jetées sur la pelouse. Mais il ne faut pas croire qu’il y a
plus de racisme dans les stades que dans la société en général, je
pense même qu’il y en a moins, seulement il se voit davantage
», a-t-il expliqué à ce sujet dans une interview croisée
accordée à l’Université de Bordeaux avec l’enseignante-chercheuse
Yamina Meziani. « Et ce racisme-là est tourné vers des joueurs
de foot qui sont connus, qui ont de l’argent, qui peuvent se
défendre. »
« Le racisme rend malade »
Pour Lilian Thuram, la situation est à cet effet encore plus
compliquée à vivre pour le quidam. « Cela ne rend pas les
choses moins graves, mais ce qui me préoccupe davantage, ce
sont les gens qui ne peuvent pas se défendre, qui doivent se
taire, rentrer chez eux et retourner au travail le lendemain,
quoiqu’il arrive, a-t-il poursuivi. Si un étudiant, ici Ã
l’université, subit le racisme, je pense que c’est autrement plus
compliqué pour lui que pour un joueur de foot. »
« Le racisme rend malade, a-t-il insisté. Et
les personnes à qui l’on dit « c’est comme ça, fais profil
bas, c’est mieux pour tout le monde » peuvent tomber en
dépression sans même en percevoir la cause. Transmettre leur
traumatisme à la génération suivante, comme de nombreux chercheurs
l’ont établi. En libérant la parole, en éduquant les plus jeunes Ã
ces questions, nous pouvons espérer rompre ce cycle de
reproduction des préjugés. »
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