16 June 2025 07:32

Cibles visées, victimes, négociations… Ce qu’il faut retenir des trois jours de guerre entre Israël et l’Iran

Une escalade militaire qui semble sans fin. Trois jours après le lancement de l’opération “Lion dressé” d’Israël contre l’Iran, les deux pays continuent de s’affronter ce dimanche 15 juin à coup de bombardements et de tirs de missiles.

Après des décennies de guerre par procuration et d’opérations ponctuelles, c’est la première fois que les deux pays ennemis s’affrontent militairement avec une telle intensité.

L’État hébreu affiche sa volonté d’anéantir le programme nucléaire iranien, mais les appels à la retenue se multiplient, notamment de la part de son allié américain.

· Israël frappe des centaines de sites en Iran, faisant 128 morts selon le régime

Affirmant que l’Iran s’approchait du “point de non-retour” vers l’acquisition de la bombe atomique, Israël a lancé vendredi une campagne aérienne massive contre la République islamique en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires.

L’armée israélienne a notamment attaqué un centre pilote d’enrichissement d’uranium de Natanz, dans le centre du pays, et dit aussi avoir “démantelé” une usine de conversion d’uranium à Ispahan. “Nous avons détruit la principale installation à Natanz. C’est la principale usine d’enrichissement (d’uranium)”, a précisé le Premier ministre Benjamin Netanyahu dimanche sur Fox News.

Israël a aussi annoncé avoir éliminé plusieurs personnalités liées au régime: le chef des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, le chef d’état-major de l’armée, Mohammad Bagheri, le chef du renseignement et son adjoint, ainsi que neuf scientifiques du programme nucléaire.

Après avoir visé des systèmes de défense aériens et des dizaines de lanceurs de missiles, l’armée a assuré disposer depuis samedi d’une “liberté d’action aérienne dans tout l’ouest de l’Iran, jusqu’à Téhéran”.

Ce dimanche, l’armée israélienne a indiqué avoir frappé dans la nuit “plus de 80 objectifs” dans la capitale Téhéran lors de raids aériens nocturnes ayant mobilisé “une cinquantaine d’avions de combat”. Le ministère de la Défense, le siège de l’Organisation d’innovation et de recherche défensives (également connue sous son acronyme persan, SPND) et des dépôts de carburant ont été touchés.

Invité sur le plateau de BFMTV, Joshua Zarka, ambassadeur d’Israël en France, a indiqué que les frappes de l’État hébreu en Iran dureront “encore quelque jours”.

Au moins 128 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées en Iran depuis vendredi selon le quotidien Etemad, citant le ministère de la Santé. Plus de 900 autres ont été blessées.

De nombreux civils fuient la capitale Téhéran, formant des bouchons sur les axes desservant la capitale. Le chef de la police routière, Ahmad Karami, a signalé un “trafic intense aux points de sortie de la capitale” et “l’augmentation” du nombre de véhicules quittant Téhéran “par rapport aux jours normaux”.

· 13 civils tués en Israël malgré le “Dôme de fer”

La riposte de l’Iran a fait des victimes civiles et détruit des bâtiments en Israël, même si une grande partie des missiles et des drones iraniens a été interceptée par le “Dôme de fer” israélien, avec l’aide des États-Unis.

Dix personnes sont mortes et plus de 200 ont été blessées depuis samedi soir dans des tirs de missiles et de drones iraniens sur Israël. Sept personnes sont mortes à Bat Yam, dans la région de Tel-Aviv, dont deux femmes âgées de 69 et 80 ans ainsi qu’un petit garçon de 10 ans et une petite fille de 8 ans, selon le Magen David Adom (MDA), l’équivalent israélien de la Croix Rouge.

D’autres victimes ont été identifiées à Tamra, au nord du pays, et plusieurs personnes ont été blessées autour de Rehovot au sud de Tel-Aviv.

Au total, depuis le début du conflit vendredi, 13 personnes ont péri en Israël et 380 ont été blessées, selon les autorités.

“L’Iran paiera un prix très lourd pour le meurtre prémédité de civils, femmes et enfants”, a menacé le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une visite à Bat Yam.

· Donald Trump appelle les deux camps à “trouver un accord”

Accusé par l’Iran d’avoir “soutenu” l’opération israélienne, Donald Trump assure que les États-Unis n’ont pas pris part à l’opération lancée vendredi contre le régime, bien qu’ils en aient été informés par Israël.

Ce dimanche, le président américain a appelé Israël et l’Iran à “trouver un accord” sur son réseau Truth Social, en ajoutant que “de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment”.

Un sixième cycle de pourparlers sur le nucléaire iranien était prévu dimanche à Oman. Mais le sultanat a annoncé samedi que ces discussions n’auraient pas lieu, l’Iran accusant Israël de les avoir sapées avec ses frappes.

Le président américain a ajouté auprès d’ABC qu’il est “possible” que les États-Unis s’impliquent dans le conflit mais qu’ils ne sont “à cet instant pas impliqués”.

Interrogé sur une possible médiation par Vladimir Poutine, avec qui il s’est entretenu samedi, Donald Trump a répondu que son homologue russe “y est ouvert”. Vendredi, la Russie avait dénoncé des frappes “inacceptables” d’Israël contre l’Iran.

“Si l’agression cesse, notre riposte cessera”, a déclaré côté iranien le chef de la diplomatie, Abbas Araghchi.

“Nous sommes prêts à conclure tout accord visant à garantir que l’Iran ne cherche pas à se doter d’armes nucléaires”, a-t-il assuré, répétant néanmoins que Téhéran n’accepterait aucun accord qui “priverait l’Iran de ses droits nucléaires”.

L’attaque d’Israël sur l’Iran est une “tentative de saper la diplomatie et de faire dérailler les négociations”, a accusé au passage le chef de la diplomatie iranienne. “Il est tout à fait clair que le régime israélien ne veut aucun accord sur la question nucléaire, il ne veut pas de négociations”, a-t-il jugé.

· Nombreux appels à la désescalade

Outre Donald Trump, de nombreux dirigeants étrangers ont appelé à une désescalade dans la région. “Assez de l’escalade, il est temps que ça cesse. La paix et la diplomatie doivent l’emporter”, a déclaré Antonio Guterres sur X samedi.

Le président français Emmanuel Macron, qui avait appelé samedi le président iranien à “revenir rapidement à la table des négociations”, a dit ce dimanche espérer un retour au calme “dans les prochaines heures”.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui souligné dans un communiqué “qu’il est nécessaire d’agir urgemment pour prévenir une catastrophe susceptible d’embraser toute la région”.

Le ministère des Affaires étrangères d’Arabie Saoudite a exprimé “sa ferme condamnation et sa dénonciation des agressions israéliennes flagrantes” contre un “pays frère”, “qui portent atteinte à sa souveraineté et à sa sécurité et constituent une violation flagrante des lois et des normes internationales”.

La Chine s’est enfin dite “très préoccupée par l’attaque israélienne contre l’Iran” et “profondément inquiète des graves conséquences que cette initiative pourrait entraîner”. Elle “est opposée à toute violation de la souveraineté, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de l’Iran”, a souligné un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Article original publié sur BFMTV.com

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