tu seras (toi aussi) un homme, mon fils

Qu’est-ce qu’on transmet aux jeunes générations ? Comment leur faire comprendre que le monde a beau avoir changé, on n’en reste pas moins tous des êtres humains, avec des expériences qui peuvent être encore, peut-être, partagées ?

Le nouvel album de l’auteur-dessinateur Fred Bernard, Nos héritages, a un titre poétique mais sibyllin. Le sous-titre, en revanche, affiche clairement le programme. À l’origine du projet, Melvil, 8 ans. Et la difficulté d’un père à répondre à ses questions, notamment celle-ci : « À quoi ça sert la vie, papa, vu que tout le monde meurt à la fin ? »

Gorgé de couleurs

Et l’auteur des inoubliables Aventures de Jeanne Picquigny de se lancer dans une entreprise folle et touchante, qui sera réussie puisqu’il a du talent et qu’il est sincère : raconter à son fils d’où son père vient, ce qu’il a vécu, de bon ou de moins bon, jusqu’à ces 55 ans qu’il a maintenant, lui, atteints.

Bouleversements de l’Histoire, souvenirs touchants, réminiscences, deuils, joie, amours, accidents : à 23 ans, le jeune Fred Bernard tombe d’une falaise alors qu’il jouait au cerf-volant. Elle fait 12 mètres. Il mettra des mois à retrouver l’usage de ses jambes.

En tout cas, graphiquement, scénaristiquement, Fred Bernard est du genre athlète : l’album de 240 pages foisonne, chatoie, gorgé de couleurs, embrasse large, mais jamais trop, d’autant que l’auteur adosse son histoire personnelle à celle de l’humanité, retracée dans ses grandes phases. Des petits riens, pourrait […] Lire la suite