15 June 2025 09:04

Brian Wilson, liturgie californienne

La mort de Brian Wilson, le Beach Boy suprême, le Magic Doctor des harmonies célestes, s’inscrit dans un tissu de légendes qui procède de l’exception californienne. Il faut imaginer le paysage psychique qui fait de cet État de l’Union un territoire sélénite, une compression d’humanité où l’enfer côtoie le paradis. Lorsque la « Frontier », cette ligne de la conquête de l’Ouest s’avançant vers le Pacifique, trouva son terme sur ces rivages, les mythologies ne cessèrent d’y fleurir : terre de chercheurs d’or, mémoire mexicaine subsistant dans les noms de lieux tels San Francisco ou Los Angeles, site des premiers studios hollywoodiens, avec le Xanadu de William Randolph Hearst et les bars glauques du Dahlia noir. La Californie, qui serait la terre natale de Richard Nixon et se donnerait plus tard Ronald Reagan comme gouverneur, fut mythifiée dans les années 1950 comme un Éden poétique : c’est le Big Sur d’Henry Miller, les plages aux enfants-fleurs chantées par le poète Lawrence Ferlinghetti, la terre aussi où les grands exilés de la musique européenne, Stravinsky ou Schoenberg, avaient trouvé leur havre de soleil.

Un style musical fut baptisé selon le lieu, le jazz West Coast, représenté notamment par Art Pepper ou Stan Getz. Mais autre fut la naissance des Beach Boys : elle signa au début des années 1960 une émancipation qui procédait du rock, genre âpre venu du Sud profond, mais un genre dont le grand initiateur, Elvis Presley, versait alors dans des comédie […] Lire la suite

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