pour ses 150 ans, l’héroïne de Bizet en majesté

Par quoi commencer ? La nouvelle de Prosper Mérimée, avec sa terrifiante épigraphe, « Toute femme est amère comme le fiel ; mais elle a deux bonnes heures, une au lit, l’autre à sa mort » ? L’été que Georges Bizet passe dans sa maison de Bougival à écrire près de mille pages d’une partition miraculeuse ? Le rôle décisif de la cantatrice Célestine Galli-Marié qui refuse l’air d’entrée que Bizet a composé, inspirant du même coup la fameuse Habanera ? C’est bien simple, quand il s’agit de Carmen, l’opéra de tous les superlatifs (220 productions dans le monde pour la seule saison 2024-2025), tout est passionnant.

On le découvre dans Carmen, naissance d’un mythe, le formidable documentaire que Jean Rousselot, déjà auteur d’un roman sur le sujet (Georges et Carmen aux éditions Phébus), consacre à la Sévillane. Il ouvre le film sur une énigme : comment l’opéra a-t-il pu être un échec à sa création, le 3 mars 1875, jour de la première calamiteuse à l’Opéra-Comique resté célèbre, précipiter la disparition de son jeune auteur (Bizet meurt trois mois après) puis devenir, dès octobre de la même année, au Staatsoper de Vienne, un blockbuster de l’art lyrique qui semble aujourd’hui immortel ?

Carmen, figure de liberté

À l’époque où il s’apprête à composer Carmen, Georges Bizet, dont le musicologue Henri Lacombe rappelle le talent évident dès l’enfance, va d’échec en échec. Mais lorsqu’il a l’idée d’adapter la nouvelle de Prosper Mérimée (parue en 1846), l’inspiration le tr […] Lire la suite