9 June 2025 08:35

les intentions de Poutine derrière sa proposition de négociation décryptées par un expert

GUERRE EN UKRAINE – Dans le jeu des négociations, Vladimir Poutine joue cette fois la carte de la bonne foi, du moins en apparence. Le président russe a proposé ce dimanche 11 mai des discussions « directes » et « sans condition préalable » entre la Russie et l’Ukraine dès jeudi à Istanbul, répondant à un ultimatum des alliés de Kiev.

« Nous n’excluons pas qu’au cours de ces négociations, il soit possible de se mettre d’accord sur de nouveaux cessez-le-feu », a-t-il ajouté, alors que les deux pays n’ont pas eu d’échanges directs depuis 2022, quelques mois après le début du conflit.

Poutine propose des négociations directes avec l’Ukraine, une première depuis 2022, mais…

Cette annonce intervient au lendemain d’une menace formulée par les soutiens de Kiev. À l’occasion d’une visite en Ukraine, les alliés européens, appuyés par les États-Unis, ont exigé que la Russie accepte un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi Moscou s’exposerait à de nouvelles « sanctions massives » occidentales.

De son côté, Volodymyr Zelensky s’est dit « prêt » à des pourparlers directs avec Moscou mais à condition que la Russie s’engage à respecter dès lundi ce cessez-le-feu de 30 jours.

« Poutine ne pouvait pas se permettre de laisser l’ultimatum occidental sans réponse. Il ne pouvait pas dire oui, car il a la croyance profonde que le cessez-le-feu permettrait à l’Ukraine de se réarmer. Mais il ne pouvait pas dire non, pour ne pas se mettre à dos les États-Unis qui exigent des négociations entre les deux pays », décrypte Ulrich Bounat, analyste géopolitique spécialiste de la guerre en Ukraine. « Avec cette déclaration, il satisfait Donald Trump et renvoi la balle à Kiev », ajoute l’expert.

Un « tournant historique » ?

Durant la campagne présidentielle, le président américain avait en effet promis de mettre un terme à la guerre en Ukraine en 24 heures. A la peine pour parvenir à cette résolution éclair, le locataire de la Maison Blanche fait pression sur les deux pays pour parvenir à un accord. « Potentiellement un grand jour pour la Russie et pour l’Ukraine », a d’ailleurs vanté le président américain sur son réseau Truth social, dans la foulée de la déclaration de Vladimir Poutine. « Pour Trump, l’objectif est d’obtenir un résultat rapide, peu importe ce qui est négocié sur le fond », tranche Ulrich Bounat. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, placé au centre des négociations par Vladimir Poutine, y voit également un « tournant historique » dans les négociations pour la paix.

Mais que veut vraiment le maître du Kremlin ? Dans sa proposition de discussion, il a dit vouloir aborder « les causes profondes du conflit » avec son voisin et ennemi ukrainien. D’après Ulrich Bounat, le chef d’État russe évoque ici « la dénazification de l’Ukraine, le désarmement de l’armée et bien sûr la reconnaissance de l’annexion russe sur certains territoires ukrainiens ». En somme, « ces négociations directes pourraient s’apparenter à une demande de reddition de l’Ukraine, comme cela avait déjà été le cas en 2022 », explique-t-il.

« Volonté de gagner du temps »

Selon lui, l’impact de cette proposition de négociation directe « dépendra de l’attitude des alliés occidentaux, et surtout de Washington ». « Si les États-Unis font pression sur la Russie, elle acceptera de prendre certains engagements, notamment le cessez-le-feu de 30 jours », affirme-t-il.

En attendant, les alliés européens, eux, n’en sont pas convaincus par la proposition russe. Emmanuel Macron a qualifié la proposition russe de « premier mouvement (…) pas suffisant », relevant chez Vladimir Poutine « la volonté de gagner du temps ». Pour le chancelier allemand Friedrich Merz, cette proposition russe est également « loin d’être satisfaisante ». « Les armes doivent d’abord se taire, ensuite les discussions pourront commencer », a-t-il insisté.

Pour l’heure, Vladimir Poutine n’a pas répondu à la demande ukrainienne de cessez-le-feu de 30 jours, à partir de lundi.

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